Manele Labidi situe son premier film dans la Tunisie post-2011. Autrement dit, un pays tout juste sorti d'une révolution ayant chassé le dictateur Ben-Ali du pouvoir et qui se cherche. Un temps d'introspection finalement assez propice à la comédie.
Un divan à Tunis suit les galères de Selma qui revient à sa terre natale pour y monter son cabinet de psychanalyse. Elle aurait pu rester à Paris et se faire une place parmi nombre de ses collègues, mais quelque chose la poussait à tenter le coup en Tunisie. Ça tombe bien puisque la nation a besoin de se livrer, parait-il.
En fin de compte, le long-métrage se révèle presque plus intéressant dans son instantané du pays de Jasmin que dans le burlesque. Un divan à Tunis joue à fond les clichés, ce qui vaut plusieurs sourires tout au long des 90 minutes et permet d'abolir cette frontière imaginaire bâtie par les médias. Politique, religion, sexualité; le film prend toutes les idées reçues pour en dévisser un peu leurs sottises. Son problème, c'est que malgré la courte durée, les gags se suivent et se ressemblent un peu trop souvent pour tous marcher.
Alors, on regarde à l'arrière-plan, ce pays cerné par l'incertitude et par la tâche à accomplir (se reconstruire). Et cela passe par un vrai travail sur l'égalité (les femmes ont le beau rôle ici) et la justice en manque de moyens. Manele Labidi y va par petites touches mais le message est limpide, et délivré avec beaucoup de conviction. Et comment résister à la grâce de Golshifteh Farahani ?
Si l'art a un rôle à jouer (et c'est le cas), gageons que Un divan à Tunis saura donner du baume au cœur de ceux qui veulent continuer à bouger les choses.