Délicieux, drôle et sympathique, cette comédie manque d'un scénario et d'une réalisation plus étoffé

On ne peut nier que l’on prend plaisir devant cette petite comédie originale et pétillante en plus d’être intelligente. On est même désolé et frustré de ne pas mieux l’évaluer. Mais, in fine, plein de petits défauts notables empêchent de dire que « Un divan à Tunis » est pleinement réussi. Manele Labidi réalise là son premier film et on devrait donc être tenté d’aller vers l’indulgence mais on se dit que ce coup d’essai ne restera pas orphelin et que son prochain long-métrage évitera les défauts que voici. Le Cette comédie qui voit une tunisienne revenir au pays pour ouvrir son cabinet de psychologue recèle tous les atours d’une œuvre à la fois drôle, sociologique et politique. C’est plutôt le cas pour la première option, un peu moins pour la seconde et très peu pour la dernière. Ce n’est pas grave mais Labidi n’optimise pas tout le potentiel d’un sujet à priori anodin mais qui aurait pu l’emmener loin à l’heure de l’après révolution islamique en Tunisie.


Le scénario aurait donc pu avoir plus de coffre au niveau du fond et du contexte. Si, à travers tous les personnages rencontrés par Selma, on diagnostique gentiment en creux tout un pays, l’aspect politique reste vraiment satellite. Pareillement, après un démarrage en trombe, « Un divan à Tunis » pédale un peu dans la semoule dans son dernier tiers. L’intrigue peine à se renouveler et aller au-delà de son postulat de base. Quant à la mise en scène de la néo-cinéaste, elle reste purement scolaire et illustrative hormis deux ou trois beaux plans. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ces menus défauts inhérents à beaucoup de premiers films n’entachent en rien le plaisir certain que nous procure la vision de ce petit film iconoclaste et plein de charme. Il y a des effluves de son lointain cousin libanais à succès, « Caramel de Nadine Labaki, qui se déroulait lui dans un salon de coiffure.


On apprécie de retrouver l’iranienne Golshifteh Farahani dans ce rôle de française revenant au bled pour le meilleur et pour le pire. Elle colle parfaitement à ce rôle et sa détermination et sa moue agacée font mouche en tête d’affiche. Il y a pléthore de seconds rôles forcément, que ce soit la famille et le voisinage de l’héroïne ou les nombreux patients. Et tous sont bien écrits et traités avec leur petit moment de gloire. On apprécie la patronne du salon de coiffure et la nièce de l’héroïne notamment mais la meilleure est la fonctionnaire du Ministère. Le jeu du chat et de la souris dans la séduction avec le personnage du policier est agréable et pas trop cliché. Le meilleur de cette oeuvre reste les réparties et les réactions de tous ces gens à l’annonce de l’arrivée de ce cabinet et les consultations qui s’ensuivent, pas trop répétitives ou redondantes mais qui permettent des situations plutôt burlesques. C’est drôle et plutôt frais. En somme, « Un divan à Tunis » est loin d’être parfait mais c’est une délicieuse et charmante petite comédie.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 21 août 2020

Critique lue 141 fois

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Rémy Fiers

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