Critique de Un été à Osage County par LuluCiné

La scène d'intro donne le ton du film : Meryll Streep shootée aux médicaments, malade et cruelle face à son mari (Sam Shepard), alcoolique et à bout, qui tente d'introniser leur nouvelle employée. Le film s'ouvre sur la complexité du couple, pour en découler tous les travers d'une famille.
Un été à Osage County ressemble aux films d'Alexander Payne, avec cette même thématique d'un fantôme hantant les vivants, et la question de la famille qui soulève toute la complexité du vivre-ensemble. Mais on se rapproche aussi de Festen, la scène du repas, mémorable, affiche clairement la bataille à venir entre une mère et ses filles.
L'ombre de la pièce de théâtre plane implacablement sur Un été à Osage County, impossible de ne pas penser le film comme tel au vue des scènes qui défilent. Chaque personnages faisant son entrée et sa sortie, des scènes bien actées et ce scénario bien ficelé basé sur la parole de chacun. Pourtant la mise en scène est là, timide mais posant l'ambiance d'un climat chaud et austère pour une famille aux contours difficiles.
Meryll streep est épatante en mère de famille cruelle, et nous offre une interprétation magnifique d'un personnage imparfait, hanté par son passé. C'est bien cela qui finalement unit tous les personnages : le passé, retombant systématiquement sur les futures générations, les trois filles n'étant pas à la hauteur d'une mère qui s'autoproclame sacrifiée et qui a bien du mal à oublier sa propre enfance.
Julia Roberts s'en sort aussi haut la main dans le rôle de l'aînée portant le poids de la famille sur ses épaules, et offrant un duel tantôt touchant et amère entre la fille et la mère.
Il est indéniable qu'il faut accepter de monter à bord pour être embarqué dans l'histoire, aussi pourrais-je comprendre le manque d'enthousiasme de certains pour un film aux allures théâtrales, et pourtant il fonctionne grâce à son incroyable casting, malheureusement parfois sous-exploité : Juliette Lewis incarne un cliché et manque de consistance par rapport à ses deux sœurs ; Ewan McGregor est en retrait ; et Abigail Breslin a cette vilaine habitude de jouer les ados rebelles, alors même que son personnage ne s'y prête pas forcément. De loin le personnage le moins intéressant. Cependant le reste du casting fait preuve de brio et aide à entrer dans cette famille aux drames personnelles, tantôt jouant sur la corde de la comédie pour dédramatiser l'histoire d'une famille aux milles et un défauts, tantôt en s'approchant des sentiments de chacun.
L'efficacité vient surtout du fait que l'auteur de la pièce a pris à bras le corps d'écrire le scénario pour mieux retranscrire son propos. Une réussite que je n'attendais pas, et un interprétation sublime.