Un été avec Coo
7.1
Un été avec Coo

Long-métrage d'animation de Keiichi Hara (2008)

Si l'on vous propose de passer 2h20 en compagnie d'un petit être vert muni d'un bec, de doigts palmés, de pattes de crapaud, d'une carapace, d'une coupe de cheveux improbable surmontée d'une petite coupelle destinée à recevoir régulièrement de l'eau, que direz-vous ?

Si l'on ajoute qu'il n'a pas pour habitude de mettre une culotte malgré un charmant petit attribut, qu'il vous proposera régulièrement de vous confronter à lui dans une de ses spécialités, le sumo, qu'il pratique une discipline trop peu connu, la brasse pétée, qu'il pourra par distraction gober les petits escargots de compagnie de votre progéniture inconsolable, et pourquoi pas à l'occasion désintégrer un oiseau un peu trop menaçant, voudrez-vous tenter l'aventure ?

Sur le papier, je vous l'accorde, il y a plus sexy...

Si je vous dis que vous risquez fort de vous retrouvez en larmes, un peu comme quand E.T. repart à la maison, que vous serez inconsolables comme quand King Kong se retrouve confronté à la bêtise humaine ?

Le challenge semble dur à relever, et pourtant tout le talent de Keiichi Hara réside en cela, transporter littéralement le spectateur, transformer son incrédulité initiale en adhésion pleine et entière.

Trois ans avant le magnifique "Colorful" (1), le magicien japonais signait donc ce conte initiatique merveilleux, empreint d'une poésie et d'une tendresse infinies, capable de faire passer en 2 secondes du rire aux larmes.

A la fois fidèle au meilleur du cinéma d'animation japonais, on retrouve ici l'onirisme et l'attachement aux légendes ancestrales d'un Hayao Miyazaki, et redoutable observateur de la famille, et à travers elle, de la société japonaise, dans la plus pure tradition d'un Ozu, Keiichi Hara s'impose comme un cinéaste majeur, travaillant en profondeur, dans ses deux seuls films arrivés jusqu'à nous, des thèmes tels que la douleur de la perte, le cheminement du deuil, la transmission, le mal de vivre adolescent. Il y a chez ce cinéaste ce que l'on retrouvait chez beaucoup de ses glorieux ainés, un attachement aux valeurs morales, ce qui peut bien sûr paraître suranné dans notre société moderne.

Une fois encore, le cinéma d'animation japonais démontre une vitalité inégalée, une faculté à aborder des thèmes douloureux, et contrairement à une trop grande partie de l'animation US, une volonté de s'inscrire totalement au cœur du cinéma "classique", et non en marge.

(1) http://www.senscritique.com/film/Colorful/critique/12724949
takeshi29
9
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le 27 mai 2012

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takeshi29

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