-Oh purée, je vois un éléphant dans ma maison je suis schizophrène! -Nan, t'es juste bourré.

J'apprécie beaucoup Russell Crowe. Je sais qu'il n'est pas toujours très aimé, mais je trouve franchement que c'est un acteur talentueux et subtil, aussi à l'aise dans l'action que dans le psychologique. Je l'aime particulièrement dans les premiers, car objectivement, il n'est pas très beau (sans être laid toutefois, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit), est affublé d'une voix de canard désagréable et finit malgré tout par remplir ses rôles efficacement, donnant la vision d'un personnage qui est plus qu'une simple apparence. Mais je l'aime également dans les seconds, finalement pour les mêmes raisons: il ne fait pas résonner sa voix comme s'il voulait absolument que tous les micros l'enregistrent, il n'en fait pas des tonnes et s'en sort finalement pas mal du tout, on ressent facilement de l'empathie pour ses personnages.

Forcément, j'ai apprécié son rôle dans Un homme d'exception. Jouant la schizophrénie, il ne part pas dans des délires ridicules, yeux exorbités et bave aux lèvres, il ne passe pas son temps à hurler sur tout et tout le monde, et cela rend justice aux vrais schizophrènes, à John Nash et à tous ceux qui tentent de comprendre.

Il faut également remercier pour cela Ron Howard, qui n'est pourtant pas nécessairement réputé pour sa subtilité. Mais il s'en sort pas mal à ce niveau, et joue obligeamment sur la frontière entre réel et imaginaire.

Donc. Ce film est une interprétation libre d'une biographie libre de John Forbes Nash, mathématicien reconnu qui a beaucoup contribué aux sciences économiques modernes et a fini Nobelisé. Durant ses études, John Nash parvient à découvrir l'idée révolutionnaire qu'il cherchait, pour la plus grande joie de ses collaborateurs et de son colocataire. Il obtient une place prestigieuse dans un laboratoire renommé et enseigne. Un jour, il est appelé pour aider la sécurité intérieure, aux prises avec un code complexe à décrypter. Il le résout pour eux, et est recontacté un peu plus tard par un homme qu'il a croisé là-bas, qui aimerait qu'il poursuive son travail sur de nouveaux codes, puisqu'il semblerait qu'ils cachent le secret d'une bombe nucléaire censée exploser aux États-Unis... Pendant plusieurs années, Nash s'attaque donc en secret à la tâche. Entretemps, il trouve l'amour et continue ses travaux. Mais sa mission devient de plus en plus envahissante, il se sent suivi, échappe de peu à un enlèvement, jusqu'au jour où, en plein milieu d'une allocution, il prend la fuite, persuadé qu'on tente de l'attaquer. Il est rattrapé par un homme qui se présente comme étant un psychiatre et lui annonce qu'il semblerait souffrir de schizophrénie paranoïde...

Si le film semble parfois un peu trop lisse, ce n'est que pour mieux perturber le spectateur lorsqu'il sera confronté, comme le personnage principal, à l'effondrement d'un monde.

Pour moi, l'intérêt principal du film est de tenter de nous faire vivre la maladie du protagoniste de l'intérieur. On n'est pas spectateur de son délire, on y prend part, on comprend ce qu'il ressent et les enjeux qui en ressortent.

Aussi, le film se garde de présenter les mathématiciens comme des bêtes de foire ou de tomber dans l'excès inverse, à savoir les présenter comme les détenteurs de la vérité universelle. Rien que ça, c'est déjà un bon point de mon point de vue.

La bande-son est jolie, les images aussi, les acteurs bons, le thème intéressant... Peut-être peut-on objecter que le film manque de précision et de justesse quant aux faits, ce qui est pour moi un nonsens. Un film n'a pas nécessairement vocation à retranscrire fidèlement la réalité. En l'occurrence, le réalisateur et l'acteur principal ont parfaitement rempli leur objectif, qui était de donner aux spectateurs une vue de l'intérieur des souffrances d'un esprit sans doute trop libre.
Antevre
8
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le 20 mai 2013

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Antevre

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