‘A Beautiful Mind’ perdra probablement de son impact le jour où John Nash décédera. En attendant, le vieil homme est toujours de ce monde, son équilibre économique distingué par un prix Nobel est toujours enseigné, et ‘A Beautiful Mind’ révèle au grand jour le plus grand secret de son existence.

Sur le papier, le scénario est très excitant. L’histoire est tellement extraordinaire que c’est uniquement la notion de biopic qui en apporte le crédit, et rend la chose encore plus surprenante. A l’écran, le récit se suit avec intérêt, les rebondissements sont nombreux, la portée des révélations est saisissante, et le film est cohérent de bout en bout.

Pourtant, on aura quelques regrets. Premièrement, le rythme du récit n’est pas complètement satisfaisant, l’introduction à l’école étant particulièrement longue et creuse. Deuxièmement, et cela tient peut-être plus à la nature biographique du film, on aurait pu attendre plus de profondeur dans le questionnement intérieur du personnage principal. Qu’un homme ait pu vivre plusieurs dizaines d’années en se sachant schizophrène est étonnant, mais que l’individu en question soit un génie des mathématiques est presque stupéfiant. De ce fait, la situation psychologique de John Nash aurait mérité un traitement plus poussé après la révélation.

De même, la mise en scène aurait pu profiter plus ingénieusement du profil du personnage principal. On retrouve quelques indices au cours du film (les pigeons qui ne s’envolent pas autour de Alicia, les apparitions éclairs de xx), mais il aurait été de bon ton de glisser quelques manifestations de la maladie plus évidentes dans la première partie du film, de manière à interloquer le spectateur. D’autant que les personnages imaginaires sont nombreux (à la différence de ‘Fight Club’), et qu’on n’est pas immédiatement certain de la réalité des autres. On retrouve en fait dans ‘A Beautiful Mind’ les défauts de ‘Catch Me If You Can’, également rattrapé par son statut de biopic grand public.

Il reste que l’œuvre propose un sujet saisissant, et qu’elle met en scène un Russel Crowe plutôt convaincant dans un rôle compliqué. En outre, on appréciera la délicieuse Jennifer Connely, presque trop jolie pour que sa relation avec un John Nash déséquilibré soit vraiment crédible.

Un biopic intéressant, qui aurait mérité plus de profondeur.
Kroakkroqgar
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs biopics et Les meilleurs films sur la schizophrénie

Créée

le 16 juin 2014

Critique lue 808 fois

Kroakkroqgar

Écrit par

Critique lue 808 fois

D'autres avis sur Un homme d'exception

Un homme d'exception
Hypérion
7

John Nash hollywoodisé

Un film qui joue sur notre immersion dans la paranoïa du personnage. Où finit le complot, où commence la folie ? On ne peut ressortir de ce film sans envisager, ne serait-ce qu'un instant, que ce qui...

le 14 janv. 2011

37 j'aime

2

Un homme d'exception
LeTigre
8

Dans les méandres de l’imagination et surtout de la schizophrénie !

Ayant remporté l’oscar du meilleur film et celui du meilleur réalisateur lors de la 74e cérémonie des Oscars, Un homme d’exception est une production particulière, dans laquelle on traite la maladie...

le 27 août 2018

33 j'aime

2

Un homme d'exception
Pruneau
5

Echec et maths

4 (pour Jennifer Connelly et ses yeux verts) – 3 (pour Russell Crowe en Rain Man) + 1 (pour Ed Harris en Ed Harris) + 1 (pour les années 50, ses belles voitures et ses campus) + 1 (pour le coloc...

le 30 août 2010

16 j'aime

7

Du même critique

Brazil
Kroakkroqgar
5

Critique de Brazil par Kroakkroqgar

Si Brazil est le chef d'œuvre du réalisateur Terry Gilliam, il ne convaincra pas tout le monde en tant que chef d'œuvre tout court. Tout d'abord, le spectateur est jeté dans une société réglée par...

le 16 avr. 2013

40 j'aime

9

La La Land
Kroakkroqgar
4

Critique de La La Land par Kroakkroqgar

Difficile de dissocier 'La La Land' de sa couverture médiatique : plébiscité par les médias et triomphe absolu aux Golden Globes, la comédie musicale surfe sur la vague qu'elle a cherché à provoquer...

le 25 janv. 2017

37 j'aime

3

Vidéodrome
Kroakkroqgar
5

Critique de Vidéodrome par Kroakkroqgar

‘Videodrome’ traite du rapport des hommes à la télévision, comme ‘ExistenZ’ le fera pour les jeux-vidéos. Seulement, le scénario est tellement obscur que le propos en devient confus. Entre un...

le 2 août 2013

32 j'aime