Nouveau mélo un peu vague, qui se mord la queue

Je parie que ce film a pris un terrible coup de vieux le lendemain de l’attribution de la palme d’or. Et le jury de se dire : Merde ! On a fait une connerie. Oui mais, trop tard ! A la place du jury à Cannes, le lendemain de la remise des prix, je faisais des excuses aux autres cinéastes en lice. Mais le mal était déjà fait. Ça pue la fabrique ce film. On sent que c’est fabriqué pour plaire, faire son petit effet original, mais sans se casser la tête, à part sur le montage, et encore ; montrer une dizaine de fois la même scène sous des angles différents, je n’en vois pas forcément l’utilité. Pas d’histoire ? Une mise en scène surchargée ? Tout Lelouch en un film. Là il lorgne du côté de la Nouvelle Vague, mais si on lui demande pourquoi, je suis sûr qu’il va dire que non. C’est la Nouvelle Vague pour les nuls, par petites touches pour appâter le chaland. Et c’est raté parce qu’il ne se soucie pas de fond (qu’est-ce qu’il veut dire au fait ?), encore moins de la forme, (c’est un mélo nouvelle Vague ou pas ?). Ça y ressemble un peu quand même, sans en être vraiment... Deux mots qui ont du mal à aller ensemble quand même, mélo et Nouvelle Vague. Lelouch prend la Nouvelle Vague comme un style à utiliser, alors que c’est une école avec une façon de penser, mais ça il s’en fout. Même truc avec la bossa. Il utilise la bossa nova comme un style de plus, une musique utile pour illustrer son film. Chez lui le mélo n’est pas un prétexte pour parler de quelque chose de plus sérieux que le mélo, (la société, ou le cinéma, ou le nez d’Anouk Aimé qui sait, elle a un très beau nez, je trouve). Ici, le mélo revendique…le mélo. Qui tourne en rond et se mord la queue, le mélo. Ça ne va pas.
Un livre d’images animées, qui a pour seul but nous étourdir, en multipliant les images, les vignettes, une multiplicité de points de vue qui n’ont pas de but, moi je ne vois pas le but à part nous étourdir. Flash-backs, noir et blanc, puis couleur, voix off qui répète ce que l’on voit à l’écran, (inutile), couleurs, noir et blanc, acteurs qui se contentent de poser et d’improviser( ?) Les dialogues sont banals à pleurer quand même. Ça donne l’impression de mauvaises impros dans un film qui se prend trop au sérieux pour que sa touche au but. Le sérieux de Lelouch le sauve heureusement du complet ridicule, mais c’est décalé sans le vouloir. Décalé, tout ça décale le film, mélo moderne et à côté de ses pompes, comme tout ce qui est moderne, pendant un moment seulement. Le seul truc qui sauve la vie de ce film, c’est la BO, la musique, les chabadabada qu’on a entendu au moins une fois dans sa vie. Chabadabada, chabadabada. Des thèmes légendaires, une musique de qualité supérieure, chargée en émotions et sentiments profonds. Des mélodies à la fois mélancoliques et très recherchées, enrichies de jazz, mais faîtes de variété populaire. Je donne une palme d’or symbolique à Francis lai, Vinicius De Moraes et Baden Powell. C’est dans leur musique que réside le vrai film. Sans eux, l’ovni casse-gueule de Lelouch n’aurait pas tenu debout, même pas deux secondes.
Angie_Eklespri
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le 4 déc. 2014

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Angie_Eklespri

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