Scénariste sur les films d'animation expérimentaux Renaissance et The Prodigies, et coauteur de la pièce à succès Le prénom (ainsi que de son adaptation cinématographique), Matthieu Delaporte passe au thriller psychologique avec Un illustre inconnu, sorti en grandes pompes chez nous mais échec cuisant en salles.


Sur le papier, le nouvel essai de Delaporte s'avérait séduisant et aurait pu donner lieu à un suspense tendu et à une réflexion intéressante sur la perte d'identité, le héros ne vivant qu'à travers divers protagonistes à qui il emprunte jusqu'au visage. Un labyrinthe mental qui tombe complètement à plat une fois mis en images.


Formellement déjà, Un illustre inconnu, malgré un certain soin apporté au cadre, peine à convaincre et à tirer son épingle du jeu, ne proposant qu'une mise en scène académique et impersonnelle. Narrativement, le film sombre rapidement dans un ennui poli, incapable d'imposer la moindre tension, le moindre suspense, restant constamment à la surface des choses. Le héros est tellement impénétrable qu'il est difficile pour le spectateur de ressentir ne serais-ce qu'un soupçon d'empathie pour lui, de se sentir concerné par sa descente aux enfers qu'il a lui-même provoqué.


Autre point sujet à débat: le casting. Pour incarner parfaitement cet homme sans véritable visage, il aurait logiquement fallu un comédien passe-partout, capable de se fondre dans le décor et dans n'importe quelle identité. Malheureusement, malgré son implication évidente, Matthieu Kassovitz s'avère une sacrée erreur de casting. Déjà par son jeu trop ampoulé, ensuite par son simple physique immédiatement reconnaissable. D'autant que le comédien étant affublé d'un sacré pif (le cauchemar pour un maquilleur), le reste des seconds rôles masculins est à l'unisson, véritable festival d'énormes tarins. Du coup, les maquillages s'en ressentent, grossiers et jamais crédibles.


Ambitieux et prometteur, Un illustre inconnu est au final un pétard mouillé de plus, dont l'exécution ne convainc jamais vraiment (à l'image d'un Kassovitz grimé en lui-même déjà grimé, oui faut suivre), un thriller bien terne qui s'oublie rapidement.

Gand-Alf
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le 23 nov. 2015

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