Le collectionneur
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Art du dialogue, liberté d'écriture et de réécriture du scénario et des scènes, improvisation partielle du jeu des acteurs, volonté de recréer une immédiateté pour imiter le réel, caméra feignant l'amateurisme: voilà plusieurs caractéristiques du cinéma de Hong Sang-soo.
Si le rapprochement avec Rohmer paraît trop facile, il serait néanmoins injuste de le lui refuser, tant la prévalence du dialogue sur la mise en scène, l'impression de légèreté de ces dialogues, la relative liberté d'improvisation propre au cinéaste de la Nouvelle Vague se retrouve chez Hong Sang-soo. D'ailleurs il n'est pas anodin que son dernier film renvoie à travers son titre (La caméra de Claire) à son homologue français dont il ne peut que s'inspirer.
Très à la mode, très Inrocks, (très cool quoi) la césure au milieu du film puis le dédoublement de celui-ci est un autre point important de ce film. Si La gueule que tu mérites de Gomes, qui avait lui aussi suscité un certain engouement chez les critiques de cette revue, se scindait aussi en deux films totalement inégaux quoique intimement liés (ou encore le génial Tabou du même réalisateur qui osait la même construction), Un jour avec, un jour sans se centre, lui, sur la même intrigue, les mêmes lieux de tournage, les mêmes personnages en apportant toutefois d'infimes variations qui entraîneront une fin différente de la première partie. Au centre de ces variations, la rencontre entre les deux personnages principaux, le réalisateur et la jeune femme, puis la possibilité d'une idylle. En prenant le temps de s'épanouir, sans brusquerie, cette rencontre, dont les acteurs donnent l'impression de pouvoir faire basculer le cours à n'importe quel moment, et sa répétition presque identique quoique avec un dénouement autre cachent en elles une interrogation sur l'aléatoire, le hasard, la fragilité du réel, l'infini des possibles. Là réside certainement tout le charme du film, dans cette impression de liberté qui émane de l'échange entre deux êtres, de leurs répliques souvent très justes, de leur jeu, de leur jeu dans le jeu (surtout le réalisateur qui pour séduire est prêt à toutes les ruses), de leurs défauts et de leur charme, de leur familiarité avec le spectateur par l'empathie qu'ils provoquent.
Malgré la pauvreté de la mise en scène et l'effet de répétition inévitable, Hong Sang-soo nous convie donc timidement mais allègrement à une (double) journée agréable parmi la froideur des sentiments contenus et les vapeurs de l'alcool qui les révèlent puis les dénaturent.
Créée
le 13 juil. 2017
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