Je n'avais jamais vu un film de Woody Allen de ma vie, et je me rendis dans la salle de cinéma rempli de préjugés. Non seulement, pensais-je, le réalisateur était un satire, mais ses films seraient très légers, à la limite du superficiel, dans une esthétique insupportable de niaiserie, colorée et romantique. Je constatai que non seulement c'était vrai, mais que c'était même davantage que ce que j'imaginais tant le film n'a strictement aucune raison d'être et que la trame artificielle attendu ne m'a jamais paru autant mériter son adjectif qualificatif. Pourtant, cela faisait quelques temps que je n'avais pas autant ri au cinéma face à des dialogues décalés et grandiloquents, ainsi que passionné par des scènes complètement absurdes et d'une poésie plus que douteuse. Ainsi, l'histoire de ce jeune couple riche d'étudiants, qui passent en effet un jour de pluie à New-York à l'occasion d'une opportunité pour la jeune fille d'interviewer un brillant réalisateur, journée pleine de péripéties et donnant lieu à un certain nombre de rencontres avec des personnages variés dans des situations hautes en couleur, m'a particulièrement séduit.
Je ne saurais expliquer pour quelles raisons Un jour de pluie à New York m'a autant plu, et pourquoi cela m'a fait autant rire. Cette atmosphère toute faite de carton pâte, dans des villas de riche, avec des personnages improbables avait pourtant tout pour me déplaire. Cependant, dans l'étrange vacuité de la narration, quelque chose de profondément chaleureux et étrangement bon enfant m'a alpagué et je n'ai pas pu détester ce film comme mon cynisme, parfois un peu snob, me le commandait vivement. Malgré un rythme quelques fois lent, le film tient de fait admirablement bien la route. Ce film était une occasion de voir un Timothée Chalamet qui ressemble de plus en plus à Eric Zemmour avec un jeu un peu monocorde mais efficace, ce qui a renforcé ma conviction selon laquelle le jeune acteur finira sa carrière quand sa jeunesse sera terminée, tant les réalisateurs semblent plus intéressés par ses petites fesses que par son jeu. Quant à Selena Gomez, elle est finalement un peu fade et caricaturale tandis que Elle Fanning triomphe en tant que jeune fille stupide. De ce film, il ne restera sans doute rien. Il nous prouve surtout que l'on ne peut rien raconter avec talent, comme l'on peut se pencher sur des sujets inratables avec médiocrité.