Un jour sur Terre par Mjoln
Le jour se lève. Un magnifique clair de Terre à couper le souffle. Et c'est parti pour un voyage autour de la planète. Un voyage pour comprendre son fonctionnement, son histoire, ses saisons, ses respirations. Un voyage de toute beauté pour mieux sensibiliser le spectateur en lui disant : «regardez ce que vous risquez de perdre». Et on peut dire qu'elle est belle la Terre. Depuis le Pôle Nord jusqu'au Pôle Sud, la voix sensible et douce de la chanteuse Anggun (nettement plus sexy que celle de Nicolas Hulot), nous conte les histoires de ces animaux et de ces arbres qui peuplent la planète. De cette petite famille d'ours blancs de la banquise à cette autre d'éléphants d'Afrique. Des histoires courtes de chasse, de migration, de course à la survie. Les humains n'ont pas leur place dans "Un Jour sur Terre" qui s'attarde sur les rares endroits du monde encore préservés de la présence des hommes.
Le film tire évidemment sur la corde sensible. On est ému par les premiers pas des petits oursons avant de se rendre compte au cours d'un zoom arrière saisissant que la fonte des glaces menace la famille toute entière.
Les images sont extraordinaires d'un bout à l'autre du film. Et l'on sent une véritable sensibilité cinématographique dans ce document exceptionnel qui, du coup, devient bien plus qu'un simple documentaire. Jamais, en tout cas, la nature n'a encore été filmée avec autant de subtilité et de délicatesse. On en prend plein les mirettes. Bon sang, mais qu'elle est belle cette "planète miracle". Que c'est beau de voir les rythmes des saisons secouer la toundra depuis l'espace, de voir la nature pousser à vu d'oeil en vitesse accélérée, ou de suivre la triste mais courageuse histoire des éléphants d'Afrique en migration à la recherche d'eau. Et la musique du Philarmonik Berliner ajoute encore à la majesté des images.
Mais pourquoi faut-il au bout du compte culpabiliser le spectateur qui vient d'assister, ébahi, à ce spectacle saisissant ? Pourquoi cette obligation moralisatrice ? Car oui, toi, cinéphile installé au creux de ton fauteuil rouge confortable, oui, toi, tu es à l'origine de tout le mal qui risque de faire basculer, si ce n'est déjà fait, l'équilibre de la planète. Alors qu'une marque automobile qui se vante de polluer moins, a eu, elle, la chance d'avoir le titre du film dans son spot publicitaire juste avant la séance, comme gage de bonne conscience, nous, pauvre citoyen lambda, rentrons chez nous après le spectacle, coupables, en faisant fumer notre pot d'échappement (parce qu'il fait froid), et en regardant notre poubelle à tri sélectif avec inquiétude, une fois rentré, pour savoir si le sachet de pop-corn qu'on n'a pas voulu jeter dans la salle de ciné (parce que bon ça aurait pas été très écolo) va dans la poubelle bleue ou dans la poubelle jaune. Mais il reste encore une chance de se rattraper, nous dit-on : en allant sur le site du film http://www.unjoursurterre-lefilm.com/ et en rejoignant "Défi pour la Terre", la campagne initiée par la Fondation Nicolas Hulot. Ouf, on évitera peut-être cette fin au film : "Et à la fin, la Terre, elle meurt"...