Bon, ma tribune va tomber sur celui-ci mais c'est le constat de tous les autres ; ces documentaires ne servent à rien.


Pour une raison extrêmement simple : on ne peut pas lutter contre l'addiction par la privation.
Dire à un fumeur que c'est mauvais pour sa santé ne le fait pas arrêter. On ne peut que réduire sa consommation en l'interdisant de fumer dans les lieux clos et en rendant son addiction la plus pénible possible, ce qui limitera les dégâts sur sa santé.


Warning : Tout ce qui va suivre n'est pas l'état de mon vécu. J'ai de l'argent, j'ai du temps libre, je mange équilibrée et je n'ai ni surpoids, ni cholestérol. Au même titre que le documentaire ne parle pas d'une personne, je ne vais pas parler pour moi.


Aujourd'hui, on peut considérer que tout le monde sait que le sucre, faut pas en abuser. La première fois que j'ai vu une émission pour me le faire comprendre, c'était il y a peut être 15 ans. Pourtant, l'obésité augmente.
Pourquoi ? C'est ce que tous les documentaires peinent à dire.


Ce que je constate, c'est que je travaille avec des collégiens. Qu'est-ce que les gamins mangent pour le goûter ? Des maltesers, des chips. Avant d'aller au self, ils se font un repas entier parce que "c'est pas bon ce qu'on mange ici". Heureusement on a enlevé les distributeurs, ce serait pire sinon ! J'ai des élèves qui ne boivent jamais d'eau mais que du coca. 1,5L de coca par jour, voire plus. J'ai vu une fille de 16 ans se réveiller dans la nuit (internat) et uriner du sang parce qu'elle ne buvait tellement jamais que ses reins commençaient à lâcher.


Ce n'est pas une absence d'éducation ou d'accès à l'information. Bien sûr il y a un peu de ça mais ça ne peut pas être QUE ça. Sinon personne ne tomberait dans l'obésité morbide. Et l'excuse du trouble alimentaire ne marche pas, statistiquement parlant. Il y a, en effet, un problème sociale et sociétal.


Ce documentaire apporte une piste mais n'en fait rien ; la malbouffe est souvent plus accessible et moins chère.
Elle ne demande pas de préparation, pas de cuisine, elle est portable, elle se conserve. C'est TELLEMENT pratique. Quand bien même les gens font l'effort de manger correctement au moment du repas, grignoter est beaucoup trop facile. Si je me couche avec une petite faim, j'ai juste à aller prendre un bol de céréales dans le placard.
Les documentaires attaquent mcdo et le coca mais c'est tellement plus large ! TOUS Les sodas, TOUS les jus de fruits, TOUS les alcools, les yaourts, les biscuits, les chips (de légumes c'est pire), TOUTES les sauces, etc. Ça ne me surprendrait pas que la moitié des aliments vendus en supermarché soient mauvais pour la santé et, en même temps, à petite dose, il faut en manger. Une vie entière sans aucun excès alimentaire ? Sans rien de gustativement incroyable ? Une vie sans sucre, sans gras ? Ça vaut vraiment le coup ?
Essayer de diaboliser le malbouffe ne marchera pas. Ce serait comme dire à quelqu'un de marcher au lieu de prendre le bus alors qu'il pleut des cordes et qu'il doit faire 10 kilomètres. Tout le monde sait que c'est mieux de marcher mais, voyons, tout le monde prendrait le bus quand même.


Ce qui favorise l'obésité, on sait très bien ce que c'est, à la fin et c'est un point sur lequel je m'accorde avec ces documentaires ; des causes extérieures.
Déjà, le travail. Nous n'avons plus le temps de cuisiner correctement parce que les journées sont longues et si on a des enfants c'est pire. On se lève tôt, on se tape les bouchons et Gérard le collègue abruti, après il y a encore des bouchons, les devoirs du gosse, les chamailleries des enfants et on a juste envie de se mettre devant Netflix, bon dieu. Il faut cuisiner un truc en 20 min, 30 les beaux jours, sans avoir à batailler avec les petits et si possible sans avoir l'oeil sur la cuisson. Paf, pâtes. Et pour se donner bonne conscience on met de la bolo. Et comme c'est pas fameux, on termine sur une petite sucrerie.


Donc facteur 1 ; le temps. Facteur 2 ; l'argent.


Quand j'étais caissière, j'avais des clients qui faisaient leur course pour 20 euros par semaine, 4 personnes. QUATRE PERSONNES pour 20 euros. C'était des steaks hachés, des frites et du coca. Horrible mais, avec 20 euros, tu veux acheter quoi ?
Les endives sont parfois plus chères que les ailes de poulet assaisonnées et le fruit le moins cher c'est souvent la banane alors que c'est le PIRE des fruits. Si tu veux manger sainement pour pas trop cher, il faut nécessairement cuisiner et on retourne sur le problème du temps libre. D'autant que si tu n'as pas été éduqué avec les légumes/fruits, tu ne sais pas les cuisiner et c'est pas très bon. Reste les plats tout prêt mais c'est teeeeellement cher au kilos.


Facteur 3 ; le repas du midi.


Pour les gosses il y a la cantine. On est pas égaux sur la question, ça dépend du chef mais parfois c'est INFECTE. Ignoble. Un jour tu peux te retrouver avec un steak haché trop cuit et juste des carottes. Juste des carottes, sans rien. Moi je m'en fous, je suis une adulte mais, les enfants, ils se jettent sur un paquet de chips en sortant.
Pour les adultes, la pause repas diminue avec le temps. En 30 minutes, 40 minutes, il faut sortir de la boîte, aller se chercher à manger, manger, pisser, revenir. Ça se finit en panini kebab-coca 3 fois par semaine. Apporter sa nourriture dépend de l'infrastructure.


Bref, les arguments sont sur la table. Et ensuite ? On ne peut pas lutter contre notre système juste en disant qu'il craint. Il faut apporter autre chose, un rival. Supprimer la taxe sur les fruits et légumes dans les supermarchés pour faire baisser le prix. Proposer gratuitement un goûter équilibré dans les collèges. Inciter des entreprises à préparer des plateaux repas de qualité. Redonner le goût du "bien manger", valoriser la cuisine avec des recettes simples, sans prise de tête. Inciter les sandwitcheries à vendre des fruits en désert au lieu de pâtisseries, arrêter de faire payer l'eau. Blablabla. Ce n'est pas vraiment le rôle d'un documentaire à la base mais c'est ce qu'essaye de faire celui-là. En mettant en avant des initiatives gouvernementales étrangères, il peut donner des idées pour chez nous. Reste qu'elles sont pas fameuses. C'est un pet de mouche ces histoires d'étiquettes.


Par exemple, un truc grave. On est en 2020 et il n'y a AUCUNE alternative à l'eau. C'est à dire que si j'en ai marre de boire que de l'eau et que je veux autre chose, j'ai que des boissons sucrées ou du sirop. Soda, jus, alcool, thé, café, que des trucs que je ne devrais pas consommer ou très peu.
On est en 2020 mais j'ai rien pour prendre l'apéro avec mes potes sans me boucher les artères.


Il n'y a pas d'alternative aux mauvais comportements à part si j'ai du fric et du temps. On a pas tous ce luxe. L'obésité augmente.


CQFD. Et ensuite quoi ?

EliseMarty
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le 22 avr. 2020

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