Un monde sans femmes
7.3
Un monde sans femmes

Moyen-métrage de Guillaume Brac (2012)

Critique analytique


L'action se passe dans une station balnéaire de Picardie. Deux femmes, une mère et sa fille, viennent y passer du bon temps. Il se trouve qu'elles sont célibataires et qu'elles plaisent aux habitants masculins de la station. On est donc dans un cadre que la pensée antisexiste a largement décortiqué. Justement, le film offre beaucoup d’éléments qui font écho à cette pensée. Le premier homme que l'on rencontre est Sylvain. Il va être notre héros mais on ne le sait pas encore. On ressent la première fois la lourdeur quand il propose aux vacancières de venir chez lui pour utiliser Internet. Niveau de lourdeur 2/10. La mère le sent bien et décline gentiment la proposition. Avec le recul, et au vu de la personnalité de Sylvain, on se dit qu'il n'avait peut-être pas d'arrière-pensée.


On retrouve après nos vacancières sur la plage. Elles sont tranquilles quand un groupe de trois jeunes vient les embêter. Ils ne font pas mystère de leurs intentions et profitent que les vacancières soient immobilisées sur leurs serviettes pour essayer d'en obtenir quelque chose. Niveau de lourdeur 7/10. C'est la mère, plus expérimentée et logiquement protectrice, qui prend la parole. Elle insinue d'abord qu'elles sont lesbiennes. Ce n'est pas très efficace. Elle dit ensuite qu'elle est ici avec son mari. Elle reconnait d'ailleurs Sylvain, lui dit de venir et le présente comme tel. Normalement c'est une technique super efficace mais Sylvain ne comprend pas la situation. Heureusement, le quiproquo qui suit dissuade les jeunes. Coup critique. A partir de là, les vacancières sont plus proches de Sylvain qui les aide et leur fait découvrir les activités de la région.


Chez le vendeur de vêtements, il se passe quelque chose de bizarre. Le vendeur dit que les vacancières sont charmantes, il approuve le choix de Sylvain et lui suggère d'aller faire un tour pour voir s'il se sent à l'aise. Niveau de lourdeur 1/10. Je suis sûr qu'il fait ça pour rester seul avec les vacancières.


Pendant que notre trio pêche, il est abordé par une connaissance de Sylvain. On a compris dans quel film on est, on sait quelles sont ses intentions. Le policier semble de plus répondre aux standards du gros beauf. Le soir, au bar, il travaille la mère. Pour qu'elle accepte de coucher avec lui, il lui dit notamment à quel point c'est dur d'avoir une vie amoureuse là où il habite. Niveau de lourdeur 2/10. Mais la mère veut rentrer chez elle. Du coup notre ami tente le tout pour le tout et l'embrasse alors qu'elle avait clairement manifesté son refus. Notre policier commet donc un acte qui peut lui valoir 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. Ah, j'oubliais, Patricia était fortement alcoolisé, du coup ça peut passer à 7-10 ans. Pour autant, elle laissera passer et remettra même le couvert après. Ça conforte le beauf dans sa vision du monde mais elle fait ce qu'elle veut après tout.


On comprend que Sylvain est amoureux de Patricia mais il est trop timide pour savoir s'y prendre. Du coup il garde ses distances. Paradoxalement, c'est cela qui lui amène l'affection de Patricia et c'est quand il tente quelque chose qu’elle se désintéresse finalement de lui. Quand il la voit avec le policier, il fait une crise de jalousie qui montre bien qu'il n'avait pas conscience d'adopter une posture respectable avec les vacancières. Il est juste très introverti. Juliette, la fille, est un peu écrasée par le poids de sa mère. Elle voit en Sylvain un moyen de s'en détacher un peu.


A la fin, l'anxiété de Sylvain est son paroxysme. Il ne sait pas ce que veut Juliette. Il ne sait pas comment il peut l'apprendre. Quand il l'embrasse par surprise, il sent qu'il fait une connerie et s'excuse après mais il ne sait pas pourquoi c'est une connerie. Il est vraiment intéressant. Dans une société patriarcale, sa méconnaissance des rapports sociaux le fait se comporter de manière respectable mais ça aurait pu être tout l'inverse. Je m'attendais à la fin à ce qu'il aille beaucoup plus loin simplement parce qu'il n'aurait pas eu conscience de faire du mal.


Finalement, dans ce film, tout le monde semble avoir des problèmes sociaux. Patricia veut s'amuser mais ne sait pas toujours bien gérer les hommes (elle ne devrait pas avoir à le faire). On peut trouver que Juliette manque de maturité. Pourtant, c'est du côté des hommes que l'on constate les plus grandes tares, leurs comportements étant même parfois délictueux. En cela, le film décrit un monde sans hommes respectables.

CauchySchwarzy
7
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le 11 sept. 2016

Critique lue 198 fois

2 j'aime

Cauchy Schwarzy

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