« L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le
cœur »



Cette citation d’Antoine de St-Exupéry pourrait résumer à elle seule le nouveau film de Clovis Cornillac : Un Peu, Beaucoup, Aveuglément. Pour sa première réalisation, l'acteur a tablé un scénario simple, mais accrocheur : deux voisins sociopathes contraints de partager l’habitat sonore de l’autre à cause d’une cloison trop fine entre les deux appartements. De frontale, leur relation devient sentimentale, le mur demeurant....


Lui, est un inventeur de casse-tête, méprise le monde et vit reclu dans son appartement tel un Shrek en son marais. Il est campé par un Clovis Cornillac à la fois drôle et touchant, qui, quand bien même talentueux, transpire un peu toujours dans les mêmes rôles à travers ce personnage bougon, à la fois bourru et enfantin, mais toujours plein d'humanité. Du talent donc, mais pas de performance. Pour ça, il faudra passer de l’autre côté du mur...


Elle est une pianiste un peu coincée, timide autant que dotée d'un charme fou. Un rôle à la hauteur de Mélanie Bernier, qui, en plus d’être l’actrice la femme la plus belle de France au monde, possède une présence et un jeu si spontanés qu’elle vole la vedette à son partenaire de jeu pendant tout le film, qu'elle domine de tout son talent.


Tous deux, épaulés par deux seconds rôles de choix (Philippe Duquesne et Lilou Fogli), construisent un ensemble tonique, cartoonesque, léger, parfois emprunt de poésie, et toujours très bien dosé, dans un film qui va droit à l’essentiel. Et même si la fin est prévisible, on ne se sent que trop bien lôti par la fraîcheur et le charme de cette heure et demie...


Vous aimez les choses simples ? Ce film en est bourré. Mais intelligemment :


Les dialogues sont concis. L’espace de jeu tient à un seul plateau de tournage, sinon à des espaces très réduits, de sorte à ce qu’on ne sorte jamais du cadre de l’intime. Le cadrage est strict et la mise en scène très scolaire, se suffisant à peu de choses. Quant aux bruitages et aux voix, elles sont ici particulièrement bien travailléees, en accord avec la morale. A travers ce mur, synonyme de l'écoute, le film amène son lot de réflexions sur notre façon de communiquer, en amour comme ailleurs, en nous invitant à revenir aux bases de la communication, tout en envoyant valser les nouvelles technologies de communication..


Tout se déroule très simplement, sans qu’on ait besoin de plus. Et c’est très bien, car c’est tout l’intérêt. Certes, Un Peu, Beaucoup, Aveuglément n’est pas un grand film, ni même très original. Il est même très classique en matière de comédie romantique. Mais il se suffit à lui-même, et correspond très exactement à ce qu’il veut promouvoir : Souvent, l’essentiel est là, chez l’autre, sans qu’on ait besoin d’autre chose. Tout comme ce film : un agréable moment, aussi doux qu’un tube d’Aretha Franklin (ou de dentifrice).

Maître-Kangourou
8

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Romance oui, pathos non, A voir en 2015 !, Vus en 2015 (en salles) et Les meilleurs films de 2015

Créée

le 9 mai 2015

Critique lue 670 fois

1 j'aime

Critique lue 670 fois

1

D'autres avis sur Un peu, beaucoup, aveuglément !

Un peu, beaucoup, aveuglément !
Fatpooper
6

Blind date

J'aime bien Cornillac à la base, mais en plus je trouve qu'il vieillit vachement bien. C'est parce qu'il est dans le film que je me suis laissé tenter. Et puis en plus, le pitch donne envie un peu...

le 13 oct. 2015

16 j'aime

Un peu, beaucoup, aveuglément !
Margue12
7

Mon mail à Clovis

Hey Clovis ! Je suis partie voir ton avant-première, sans avoir lu le résumé ou vu la bande annonce. N'imagine pas que cela est dû à une immense confiance de ma part pour tes films, je voulais...

le 27 avr. 2015

13 j'aime

1

Un peu, beaucoup, aveuglément !
Gand-Alf
5

Une cloison pour deux.

Comédien plutôt sympathique quand il paraît concerné par ce qu'il joue, Clovis Cornillac passe le fatidique cap de la mise en scène avec Un peu, beaucoup, aveuglément, coécrit avec sa compagne Lilou...

le 25 mars 2016

12 j'aime

2

Du même critique

Zygomatiques
Maître-Kangourou
10

Que le rire demeure !

C'est cruel, mais le rire n'existe pas. Tout du moins dans ce 1984 dystopique, où la joie est bannie du quotidien des hommes. C'est d'ailleurs très intéressant de voir ce que serait le monde sans...

le 21 févr. 2013

14 j'aime

Le Terminal
Maître-Kangourou
8

Inconnu à cette adresse

Tom Hanks se complaît-il dans les personnages voués à la solitude ? En tous les cas, l'exercice lui réussit à merveille. C'est aussi la preuve formelle d'un grand talent d'acteur, qui sans forcément...

le 18 avr. 2013

13 j'aime

OutRun
Maître-Kangourou
8

Patrouille Nocturne (suite)

Kavinsky, c'est avant tout le charme électrisant des eighties, à l'image du très magnétique Protovision, une tuerie. La patrouille continue avec Rampage, se trempant dans le film d'angoisse à la Wes...

le 8 mars 2013

12 j'aime

2