Si l'année 2014 a permit à la comédie française de connaitre un net regain de forme, en revanche, malgré la multitude de comédie romantique ayant squattées nos salles obscures hexagonales durant les douze derniers mois (Une Rencontre, L'Ex de ma Vie, L'Amour sur place ou à emporter ou encore Tu veux ou tu veux pas), seul le génial Situation Amoureuse : C'est Compliqué de Manu Payet, a réellement su nous séduire.


Un peu maigre pour le coup, reste que le très joli Caprice d'Emmanuel Mouret à ouvert en grande pompe l'arrivée en masse du genre en cette douce période estivale, avec une romcom tout aussi tendrement décalée et loufoque que subtil et délicate.


A peine deux semaines plus tard, le mésestimé Clovis Cornillac, de plus en plus rare sur les écrans ces dernières années malgré une prestation éblouissante dans la série France Télévision Chef, lui emboite le pas avec son premier passage derrière la caméra, Un Peu Beaucoup Aveuglément.


La comédie romantique, difficile de ne pas admettre que pour une première réalisation, nous aurions pensé à plus d'un autre genre que celui-ci (le film est basée sur une idée originale de sa femme, Lilou Fogli, également au casting) pour l'un des comédiens les plus talentueux et charismatique du septième art français de ses vingt dernières années, un diamant brut à part dans l'industrie ayant littéralement explosé durant les années 2000 en alignant les grosses productions avec plus ou moins (soyons honnête, surtout moins) de succès.


La quarantaine bien tassée, il nous revient donc devant et derrière la caméra avec l'histoire d'un inventeur solitaire de casse-tête, investi corps et âme dans son travail qu'il ne peut faire que dans le silence le plus complet.
Le hic, c'est qu'il doit cohabiter avec une voisine plus bruyante qu'elle ne le voudrait, une pianiste accomplie qui ne peut décemment vivre sans musique, et qui doit préparer un concours qui pourrait changer sa vie.


Une cohabitation des plus originales qui va déboucher sur plus d'un aléas surprenant, mais avant tout et surtout, une relation aussi inédite que proche entre deux âmes repliées sur elles-mêmes qui vont se découvrir l'une et l'autre..
.
Foutrement prévisible dans son déroulement (la fin se devine dès la bande annonce) mais aussi original que joliment séduisant, Un Peu Beaucoup Aveuglément ne renouvelle décemment pas le genre dans un cinéma hexagonal qui aligne les romcoms convenues à la pelle, mais il reste néanmoins un réjouissant et agréable bonbon acidulé sur un petit peu plus d'une heure et demie indiscutablement charmante et fun.


Alignant les scènes cocasses avec malice, le film creuse mine de rien (modestement bien entendu) le sillon du Her de Spike Jonze, dans sa mise en image pop et délirante des rapports humains mais surtout d'un amour tout autant fantasmé que naturel et brut, un amour basé sur des sensations en ébullitions entre deux êtres diamétralement opposés mais que tout semble vouloir unir.


Ou la love story d'un couple de quasi parias, dont on ne saura pas les prénoms tout du long (ils se surnomment Machin et Machine, titre original d'ailleurs du métrage), ou les deux protagonistes vibrent l'un pour l'autre sans ne jamais se voir, s'amourache de l'inconnu uniquement par la voix, par la folie enjoué de leurs discussions et leurs jouissives tentatives de pourrir le quotidien de son voisin du malheur/bonheur (on pense évidemment au culte La Guerre des Roses), la faute à une cloison aussi mince qu'une feuille de papier cul Lotus - ou presque.


Savoureusement rythmé, porté par des dialogues aussi drôles que finement écris, la première réalisation de Clovis Cornillac, si elle n'est pas exempt de quelques maladresses, fait pourtant très souvent mouche, notamment grâce à la partition sans fausse note de son casting vedette.


Cornillac y est, comme d'habitude, imposant et attachant tandis que la craquante Mélanie Bernier (dont on tombe amoureux à chacune de ses lumineuses présences sur grand écran) est merveilleuse dans la peau de cette brillante pianiste qui peut à peut va s'émanciper de sa timidité et de la domination qui domine son quotidien pour vivre sa vie pleinement.


Pur feel good movie touchant, frais, léger et techniquement soigné, Un Peu Beaucoup Aveuglément joue avec les codes tout en les épousant avec une certaine réussite, pour incarner une romcom des plus délicieuses et agréables qui n'a décemment rien à envier aux canons du genre anglo-saxons et ricains.


A l'instar de Manu Payet avec qui il a partagé la vedette sur Radiostars, Clovis Cornillac a finalement bien fait de miser sur le genre ardu et populaire de la comédie romantique pour son premier passage derrière la caméra.


On attend désormais la suite avec une certaine impatience non-feinte...


Jonathan Chevrier

FuckCinephiles
7
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le 6 mai 2015

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