Quand je vois un film d'une telle justesse, d'une telle maturité, et que je connais pas la personne qui a réalisé le film, je cherche un peu à savoir qui elle est. Et ô surprise, je vois qu'au moment du tournage, cette femme, Katell Quillévéré, n'avait que 29 ans !

Prenant comme pour un clin d'oeil une chanson de Serge Gainsbourg, le titre est tout à fait adéquat avec son sujet. Le poison représente l'amour qui entre dans la vie de cette jeune Anna, elle qui a vécu dans un internat, loin de toute tentation, loin des plaisirs sensuels ni sexuels.
En un été, tout va changer pour elle. On la voit se confrontrer à ses parents, eux-même séparés, se confier à son grand-père, qui est la seule personne qui la comprenne, et découvrir l'amour auprès de Pierre, un garçon très joyeux et qui est plus petit qu'elle.

Le film révèle plusieurs personnes. Il y a tout d'abord Clara Augarde, qui est ce que j'appelle une révélation majuscule. Elle parait à la fois fragile, mais ferme face à ses parents, mais on la voit aussi désamparée quand l'amour arrive, de sorte qu'elle le joue au départ comme un corps étrangers qui s'infiltre en elle.
L'autre grande surprise est de découvrir sa mère, incarnée par ... Lio ! Oui, ça fait bizarre au début, c'est ce qu'on appelle un contre-emploi, mais elle est très bien, car elle montre ce que sa fille ne voudrait pas être ; en miettes et ne sachant pas quoi de sa vie.
Enfin, j'ai été content de revoir Michel Galabru dans un rôle loin de ses pitreries. Il joue le grand-père d'Anna, à la fois espiègle (c'est un pétomane) et drôle avec sa petite-fille et son fils. Mais il sait se montrer grave comme dans cette scène magnifique où, au soir de sa vie, il va demander à Anna de revoir l'endroit où il est né. Chacun en tirera ses leçons...
Il y a aussi Stefano Cassetti, qui joue le prêtre du village qui n'est pas indifférent à la mère d'Anna, et Thierry neuvic, qui joue le père.

Le film est une crise de conscience de la jeune fille, tiraillée entre sa foi, à la veille de sa confirmation, et de son amour naissant avec ce petit garçon qu'est Pierre.
L'éveil du désir est toujours montré de manière pudique, jamais de façon graveleuse ; elle veut qu'il soit torse nu, il veut qu'elle montre sa poitrine. Elle vient chez lui le voir jouer à la guitare, elle demande ensuite à le rejoindre dans le lit pour qu'ils s'embrassent, mais sans qu'on n'ait l'impression que ça aille plus loin.

Il est juste dommage qu'on ne voit pas plus la Bretagne, où se passe l'histoire, et que ça soit aussi bref, car les dernières minutes sont très belles, mais frustrantes, dans le sens où Anna a enfin choisi sa voie, et on aurait aimé l'accompagner.

Pour un premier film, je condamne Katell Quillévéré au talent à perpétuite, ainsi que son actrice principale, Clara Augarde, car ce très beau film prouve, que outre la France détient un beau réservoir de nouveaux talents, ce sont deux personnes à suivre dans leurs carrières.
Boubakar
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le 2 août 2013

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