Malik vient d'arriver dans une prison de la région parisienne pour y purger une peine de six ans. Malik, l'Arabe nouveau détenu, c'est la seule information dont nous disposons sur cet homme qui arrive dans le dénuement le plus total et qui va se construire au sein de la prison.
Sous la direction de Jacques Audiard, le film nous montre le milieu carcéral en tant qu'état de nature à la Hobbes, un chaos où règne la loi du plus fort, où le clan majoritaire s'allie à l'administration de la prison. Seul, sans rapport avec le monde extérieur ni avec les autres détenus, Malik va malgré lui entrer dans le clan des Corses dirigé par Cesare. Pris dans la spirale de violence, Malik va pendant les 2h30 du film gravir les échelons de l'ascension carcérale, au prix du fantôme de l'homme qu'il a du assassiner.
Tahar Rahim, brillantissime, transmet cette tension carcérale qui perce l'écran. Renversante, son ascension carcérale est à la fois une transformation physique et matérielle. Tahar Rahim incarne deux hommes: l'Arabe chétif et solitaire qui entre à la prison et le stratège qui en sort. Pourtant, Malik, pour les Corses, reste l'Arabe, le larbin qui fait le café et pour l'Arabe, il est un Corse.
État de nature, huis-clos, le film montre la prison comme école de la vie presque, avec son lot de rencontres et de hasards.
Audiard alterne la crudité du quotidien carcéral avec des touches symboliques: les sous-titres illustrant une rencontre, un moment ; la figure du fantôme, curieux acolyte de Malik ; la métaphore de la biche, bête traquée, sacrée et sacrifiée, qui fait comprendre le nom du film.
En ressort un film dur, nous rendant presque complices du monde violent et fermé de la prison, sans toutefois se fermer aux possibles.