Un sac débile

Pas la peine de revenir sur le thème du film : on suit l'histoire d'une famille juive, et notamment des deux plus jeunes frères qui tentent d'échapper aux nazis et autres collaborateurs. À l'ouest, rien de nouveau... cependant, plus que le fond c'est la forme qui m'intéresse ici.
Où placer la caméra ? Une question qui n'a pas souvent dû traverser l'esprit du réalisateur (et cadreur, notons le !) Christian Duguay. Le systématique champ - contrechamp du cinéma français est poussé à son paroxysme, et chaque scène est monté selon un principe simple : on voit en gros plan le personnage qui parle. Les acteurs, et surtout les enfants, ne s'en sortent pas si mal alors pourquoi ne pas leur avoir fait plus confiance en laissant durer les plans larges et en les faisant jouer ensemble. L'immersion n'aurait été que plus forte au sein de la famille, et le spectateur aurait pu adopter le point de vue de l'enfant autrement que par cette voix off qui débarque une fois de temps en temps en renfort de la mise en scène.
Avec un peu de chance, ce schématisme de la mise en scène ultra-découpée profites à quelques séquences. La succession de plans courts à la longue focale vient appuyer la nervosité et la confusion des personnages, lors de la traversée d'un bois vers la zone libre. La tension se ressent, mais c'est finalement du hasard car les séquences suivantes disposent pratiquement du même rythme.

Pour conclure, il faut savoir qu'Un sac de billes est l'histoire vraie de ces deux garçons qui l'ont raconté dans un livre. Elle a également été adaptée au cinéma en 1975 par Jacques Doillon, et en bande dessinée. Il y a donc probablement plein d'autres moyens de la découvrir sous un meilleur profil.