Années 30,jour de fête dans une famille juive parisienne.Maxime Grimberg épouse Hannah mais tombe raide dingue de Tania,la femme de son beau-frère,ce qui aura des conséquences désastreuses,d'autant que la guerre arrive,suivie de la défaite et de son cortège d'horreurs antisémites."Un secret" est un des derniers films de Claude Miller,qui décèdera en 2012,et il n'avait alors plus l'inspiration de ses débuts.Signant le scénario,il adapte ici le livre autobiographique de Philippe Grimbert,le fils de Maxime.La réalisation est sans grand relief,Miller effectuant un travail très académique à base d'extraits du bouquin débités mornement en voix off,de scènes trop longues qui se traînent et de reconstitution historique appliquée.La seule originalité qu'il s'autorise est une narration chronologiquement éclatée,avec des aller-retours temporels incessants qui nous baladent du passé au présent et inversement à travers des décennies allant des années 30 à 80,ce qui crée une certaine confusion parasitant souvent la clarté de l'histoire,le personnage de Philippe étant même incarné par trois acteurs différents.En résulte une fastidieuse leçon de morale déroulant tous les poncifs relatifs au fameux "devoir de mémoire",et rien ne nous est épargné,des images d'archives étant ajoutées à un ensemble déjà bien lourd.C'est donc reparti pour les discours d'Hitler,les charniers des camps de concentration ou autres joyeusetés nazies,et le scénario s'attache à ne rien omettre,des juifs trop naïfs persuadés qu'ils n'ont rien à craindre en France et qui acceptent tranquillement de porter l'étoile jaune,sans réaliser que ce sont désormais les allemands qui dictent les règles,jusqu'aux fuites en zone libre avec passages de la ligne de démarcation.On verra aussi surgir Serge Klarsfeld ou le cimetière pour chiens de la fille de Laval,dont on ne voit pas trop bien ce qu'il vient foutre là.Certes,cette époque était atroce et toute personne sensée ne peut qu'en convenir,mais le problème est qu'on connait tout ça par coeur et que des tas de films l'ont raconté,souvent en mieux.Miller arrive donc un peu tard,et sa contribution au sujet est plutôt froide.L'émotion va cependant pointer dans la deuxième partie du film,quand ça se met à vraiment chauffer pour la famille Grimberg,avec en point d'orgue la terrible arrestation d'Hannah,qui apporte enfin de l'intensité dramatique et de la surprise à un récit jusque-là platement mené.Reste qu'il s'agit d'une histoire vraie,Grimbert racontant ce qui s'est produit dans sa famille,et il n'est guère étonnant que le gars soit devenu psychologue tant il a eu de quoi être perturbé.Mensonges,secrets,dénis et trahisons ont tissé son enfance et la vie de ses parents,dont on se demande comment ils ont pu surmonter tous ces terribles moments.Miller s'est entouré d'une solide équipe technique,qui a fourni un boulot correct.Il y a là le chef-opérateur Gérard de Battista,ex époux de Victoria Abril,ou le décorateur Jean-Pierre Kohut-Svelko,qui a obtenu le César en 81 pour "Le dernier métro".L'interprétation est de qualité,avec notamment un Patrick Bruel très immergé dans son rôle de type dur pris au piège de ses passions,et qui provoquera le drame sans le vouloir.Ludivine Sagnier est convaincante dans la peau de l'inexcusable Hannah qui,débordée par le dépit amoureux,commettra l'irréparable.Cécile de France,super canon,a le physique adéquat pour être l'irrésistible Tania.On voit également,entre autres,Yves Verhoeven,qui était dans "La classe de neige" du même Miller en 98,le canadien Yves Jacques,l'enseignant homo atteint du SIDA dans "Le déclin de l'empire américain" et "Les invasions barbares" de Denys Arcand,l'excellent Robert Plagnol,qui mérite assurément mieux que de participer au feuilleton de TF1 "Demain nous appartient",et Laurent Lafitte apparait brièvement en gendarme.