Pour être honnête dès le départ, je n'ai jamais été un très bon client des wu xia pian. Mais je persiste, être amateur de wu xia pian ne suffit pas pour apprécier "Un seul bras les tua tous", deux ou trois bonnes bouteilles sont nécessaires (ajustez le nombre si vous le regardez à plusieurs). A jeun, l'expérience relève plus de la punition qu'autre chose.


Commençons par le scénario. Comme à peu près 99,9% des films du genre, USBLTT est une histoire de vengeance et d'honneur (soupir). Petite particularité dont on se serait bien passé, on y suit un héros absolument pathétique à l'intelligence égarée il y a fort longtemps, et qui geigne à longueur de journée (atrocement interprété de surcroît, mais on y reviendra). Rejeté par ses cons disciples à cause que c'est une saleté de prolo, il s'attire sans le vouloir les faveurs de la fille de son maître, qui lui prouve son amour en montant un guet-apens pour le tabasser dans la forêt la nuit tombée et en lui coupant carrément le bras droit (OK maintenant si j'ai un but dans la vie, c'est d'éviter qu'une Chinoise tombe amoureuse de moi). Vexé, le désormais manchot s'enfuit et tombe dans la barque d'une paysanne qui a comme par hasard hérité d'un manuel enseignant le combat avec le bras gauche. Après un entraînement fastidieux, intensif et interminable d'environ 2 minutes 30, voilà notre gaillard maîtrisant enfin son bras faible et paré pour aller contrer la traditionnelle conspiration entre écoles d'arts martiaux qu'on retrouve dans chaque film du genre...


On va pas se le cacher, l'attrait d'un wu xia pian repose plus sur la qualité des combats que sur les histoires, qui font le bonheur des philatélistes. Mais bon sang, quelle misère là encore... Des luttes à l'arme blanche tout sauf impressionnantes, sans aucune folie, qui ne font que mettre en exergue le niveau global des acteurs, d'une médiocrité rare. Ils ne savent pas se battre, ils ne savent pas jouer, et on peut même lire la délivrance sur le visage de ceux qui ont la chance de mourir à l'écran.


USBLTT n'est même pas sauvé par une réalisation mollassonne et sans relief, qui, ajoutée à l'absence d'ambiances sonores et un score qui assassine les tympans, accentue malgré elle le ridicule des situations et des acteurs. Par contre, je veux bien le concéder, le soin apporté aux décors et à la photographie ne souffre d'aucun conteste.


Peut-être qu'en maîtrisant l'histoire du wu xia pian on peut comprendre les attraits du film, mais pour ma part j'ai déjà vu des films consacrés nanars pour moins que ça. Pour les profanes, je conseille donc de le prendre au huitième degré pour espérer y prendre du plaisir en se délectant du comique involontaire de ces deux heures qui, autrement, vous paraitront interminables. Ou tournez-vous plutôt vers le Japon et la série des Baby Cart, pas extraordinaire mais nettement plus intéressante.

magyalmar
2
Écrit par

Créée

le 8 févr. 2016

Critique lue 534 fois

2 j'aime

magyalmar

Écrit par

Critique lue 534 fois

2

D'autres avis sur Un seul bras les tua tous

Un seul bras les tua tous
Docteur_Jivago
7

La Bataille de la vallée du Diable

Suite à l'immense succès de L'Hirondelle d'Or, la firme hong-kongaise Shaw Brothers continue de miser sur le style Wu xia pian et confie à Chang Cheh le soin de mettre en scène Un seul bras les tua...

le 25 avr. 2017

15 j'aime

Un seul bras les tua tous
Gand-Alf
7

J'ai peut-être qu'un bras mais...

Alors réalisateur prometteur pour la Shaw Brothers, remarqué notamment grâce au succès du Trio magnifique, Chang Cheh cherche, à la fin des années 60, à renouveler le cinéma d'action, à le faire...

le 10 août 2015

7 j'aime

1

Un seul bras les tua tous
Ninesisters
8

Critique de Un seul bras les tua tous par Ninesisters

Selon les périodes, ça me reprend ; je me surprends à revenir vers des genres - dans le cas présent cinématographiques - que j'apprécie mais auxquels je ne pense plus forcément pendant quelques...

le 4 mars 2012

7 j'aime

Du même critique

L'Argent
magyalmar
1

Compte dormant

Sans doute fatigué de pondre des drames chiants pour neurasthéniques masochistes, Robert Bresson s'est surpassé afin de nous offrir son ultime chef d'oeuvre, une parabole de science-fiction sous...

le 26 mars 2018

30 j'aime

3

Les Désaxés
magyalmar
5

Huston, le monde Huston

Honnêtement, je pense qu'Arthur Miller aurait pu broder une merveille de scénario en se contentant de la dernière scène dans le désert du Nevada, où tout est dit. Après tout, un bon exemple vaut...

le 2 avr. 2016

23 j'aime

2

Le Guerrier silencieux - Valhalla Rising
magyalmar
1

Alors c'est ça l'enfer

Refn est un sacré déconneur. Le défi de départ était excitant : écrire un scénario en 5 minutes. Malheureusement Nicolas dut se rendre à l'évidence. Ecrire plus de deux pages en 5 minutes c'est pas...

le 4 janv. 2014

20 j'aime

1