Un good german
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le 17 oct. 2015
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Assommé, c'est le terme qui me vient après la vision de tels films encore jamais vu des années 1960 . C'est pour le passage par ce genre d'émotion que j'aime vraiment le cinéma . Ce film d'amitié plus que de guerre se passant dans le désert se révèle un beau moment de virilité antimilitariste. Grâce aux dialogues de Michel Audiard et à cette tension constante, Un taxi pour Tobrouk est à la fois un film de scénariste avec Denys de La Patellière et de dialoguiste. Ici, on se concentre essentiellement sur les temps morts de la guerre. C'est ainsi un film de guerre à la fois réaliste dans la peinture de ses caractères et tragi-comique dans leurs relations. Après une esquisse rapide des protagonistes, le film est organisé de manière à ce que chaque péripétie serve à éprouver la solidarité entre chacun des soldats. L'officier allemand , par exemple, apparaît la première fois sous un jour fort sympathique, entouré de sa famille, le soir de Noël. Denys de la Patellière a voulu éviter tous les clichés anti-Allemands. Les armées sont faites d’individus qui se battent pour défendre leur patrie, mais dont les valeurs personnelles ne sont pas forcément en adéquation avec leurs chefs ou leaders. C'est l'histoire d’un naufrage dans le désert. Il faut dire que quatre français et un allemand dans un véhicule allemand, ça constitue une cible pour tout le monde. Le désert prend alors la forme d’un terrain de jeu d’enfants. Sur une superbe photographie de Marcel Grignon, ce désert s'avère une surface lisse dénuée de toute civilisation, lieu sans cesse déformé par le vent qui permet de faire table rase de tout. Les caractères de chacun sont mis à nu . Plus que dans les dialogues, c’est dans les moments de silence que Denys de La Patellière arrive à sublimer le parcours tragique de ses héros comme ce bruit du vent assourdissant quand ils sont fatigués et perdus ou ce moment intense lorsqu'ils traversent un champ de mines. Michel Audiard parvient à recréer l’esprit de camaraderie propre à l’armée avec ces fameux dialogues. En mêlant le drame à la comédie, on se régale. Et puis, quels acteurs ! Au milieu de paysages désertiques ouverts à l'infini, le metteur en scène parvient à faire un huis-clos. Sur une courte durée, le film s'achève au bout d'une heure trente, les épreuves partagées par chacun rapprochent les adversaires. "À la guerre, on devrait toujours tuer les gens avant de les connaître" c'est ce que dit un des personnages. Avec cette belle charge antimilitariste, ce film reçut le Grand Prix du cinéma français en 1961, ainsi qu'un franc succès dans les salles ,quatrième plus gros succès de l’année 1961 et premier d’origine française. Sur un superbe cinémascope en noir et blanc, Denys de La Patellière a su magnifier les paysages d'Espagne à la place du désert africain refusé par les producteurs de l'époque. Dénonçant l'absurdité de la guerre, ce film est une ode à la tolérance et à la paix. La guerre perd son sens quand on est juste cinq gars en rade. En ôtant leurs uniformes, une fois torses nus, la solidarité et l'amitié deviennent des évidences.
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Créée
le 8 oct. 2018
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