Un voyage
4.4
Un voyage

Film de Samuel Benchetrit (2014)

Vu en avant première, avec une mini explication de texte de la part de Benchetrit himself... Qui nous a spoilé le film sans le spoiler, car ses révélations, on les entend dans la première scène éprouvante face caméra, éprouvante à cause du bougé extrême de cette caméra (numérique pour une première fois chez ce réalisateur).

Assez fan de son oeuvre, et surtout de ses livres, je considère que Samuel Benchetrit est sincère dans sa démarche en nous livrant ce film simple et compliqué en même temps. On ne peut pas, je ne peux pas imaginer qu'un tel film, si radical dans la forme, soit une sorte de posture. Il a dit d'ailleurs lui-même que cette forme qu'il a adoptée est essentiellement le résultat d'un manque de moyens dans la réalisation de ce film.

Dans cette histoire d'amour profonde, les bizarreries des personnages, de Mona surtout, jouée par sa muse Anna Mouglalis, ne font donc jamais figure d'affeteries. Quand on connaît le thème du voyage cité en titre du film, on comprend que les personnages soient souvent dans des situations extrêmes, hystériques, qui traduisent la panique qui les gagne. Des bains de minuit avec un lampadaire de l'hôtel en guise de décoration, une rando en costard et cravate ou nuisette et bottines, tout est à l'avenant, mais à aucun moment, ce n'est ridicule.

L'atmosphère est très lourde, et Benchetrit a eu la bonne idée d'aérer le face à face douloureux de ce couple en détresse (ou pas, c'est selon le point de vue), par l'apparition de quelques personnages périphériques, tous assez nécessaires pour ajouter des référentiels et des points de comparaison pour leur histoire. En particulier, une certaine petite ballade de Mona avec un policier chez sa vieille maman est un contrepoint assez édifiant.

Filmé avec des moyens minimalistes, caméra à l'épaule pour l'économie, mais aussi sans doute pour montrer l'urgence des choses, et la rudesse des situations, le film est assez pénible à suivre, la caméra bouge en permanence. De plus, des scènes sont déroulées à l'extrême en longueur, sans que cela ne rajoute grand chose ni à l'émotion, ni encore moins à l'esthétique.

Le nouveau film de Benchetrit, très différent des autres qui étaient des comédies plutôt légères, est très intense, trop intense sans qu'il ait réellement posé les enjeux de départ : les choses démarrent très brutalement, et il manque une progression qui permettrait de comprendre les agissements des uns et des autres. Un film à voir, cependant.
Bea_Dls
6
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le 17 avr. 2014

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Bea Dls

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