Un petit slasher avec un tueur déguisé en clown voilà deux arguments suffisant pour me faire acheter un DVD, surtout si ce dernier est à moins de cinquante centimes (Faut pas déconner non plus). Un Week-end en Enfer A.K.A. Grim Week-end A.K.A. S.I.C.K. Serial Insane Clown Killer est un petit film dont la jaquette vante un peu exagérément les mérites en le définissant comme le grand carrefour entre Le projet Blair Witch, Urban Legend et Scream tout en sous titrant le film Massacre à Texas Hill histoire de mettre une petite touche de Massacre à la Tronçonneuse en bonus. Le film de Bob Willems est surtout une belle purge digne des pires navets de l'histoire du DTV mais parfois tellement stupide que le film mérite d'être apprécié aussi comme un joyeux nanar.


Deux couples partent donc passer un week-end dans une maison isolée en pleine forêt vers une rivière. Sur la route ils embarquent une jeune fille qui se faisait importunée dans un motel par un routier voulant lui sucer le gros orteil (oui c'est le genre de détail qui ne s'invente pas même pour un esprit tordu comme le mien). Un fois sur place ils vont devoir affronter un clown serial killer sévissant dans les bois.


Sur cette trame rectiligne et ultra classique Bob Willems et ses deux scénaristes Carl Bonin et Ken Herbert (il fallait au moins ça) parviennent à construire un non film totalement idiot, bourré de références bien poussives et rempli de moments absolument ridicules. Tourné en vidéo déjà pas très esthétique, le film est en plus desservi par un transfert absolument dégueulasse de l'éditeur DVD Antartic. Le film ressemble du coup très souvent à un vieux film de boules ou une production amateur avec les couleurs qui bavent lamentablement, une sensation de flou comme si on regardait le film bourré et un sérieux manque de définition de l'image qui va avec. La mise en scène poussive et sans talent de Bob Willems n'arrange rien le réalisateur plombant son film d'effets de style tellement gratuits qu'il finissent par devenir très lourds dans un premier temps puis absolument hilarant à la longue. Le plus drôle reste cette manière de ponctuer la moindre réflexion ou souvenir des personnages par un court flashback assorti d'un bruitage totalement ridicule. J'en suis presque à me demander si l'effet comique n'est pas volontaire tant certaines scènes sont foireuses et à se tordre de rire.


Il est presque impossible de noter l'intégralité des comportements stupides des personnages tant leur connerie abyssale devient par moment totalement surréaliste . J'adore particulièrement les personnages qui son attaqués par le clown à l'intérieur de la maison et qui décident que cette foutue baraque comporte bien trop de fenêtres et qu'ils doivent se protéger; du coup dans un accès de logique implacable ils barricadent la seule porte (??). On notera aussi le type fou d'amour pour sa petite amie disparue qui part à sa recherche en forêt au mépris du danger mais qui finira par tranquillement tirer un coup en sous bois avec la fille qui l'accompagne; on ne sait jamais si elles est vraiment disparue pour toujours et puis une de perdue, une de retrouvée. J'aime aussi beaucoup lorsque ce même type hurle en pleine nature le prénom de sa petite amie afin de tenter de la retrouver et qu'il réveille deux biches qui n'avaient rien demandées pour un stock-shot à la Bruno Mattei à l'effet comique des plus inattendu.


Niveau frisson le film aussi morne et plat que le scénario et l'encéphalogramme des personnages. Le film tente de créer un semblant d'angoisse avec des poupées maquillées et démembrées que les personnages retrouvent tout au long du film que ce soit dans la maison ou dans les bois. Si le spectateur est plutôt amusé et franchement consterné en revanche les personnages sont vraiment morts de trouille à la simple vision d'une vieille Barbie pendue à une branche. Une des filles de la bande s'écrit même in-texto en découvrant une poupée « Ouahh la vache mais qu'est ce qui se passe ici ça devient vraiment trop flippant » mais bien sûr avec le ton d'une actrice d'un mauvais Sitcom roumain. Sinon on aura droit à un pantin ridicule réalisé avec des vêtements couchés sur un lit et une tête de poupon en plastique et pour tout effet gore une lamentable décapitation de mannequin. Le film aura beau commencer par un plan référence à Halloween et cité en vrac au fil des dialogues et des situations Vendredi 13 ou Texas Chainsaw Massacre il reste bien loin du slasher référentiel qu'il prétend honteusement être. Histoire de citer de manière bien paresseuse ses références Bob Willems nous offre même un lent travelling latéral sur des étagères de bibliothèque histoire de montrer des bouquins de Stephen King et Clive Barker.


Mais le pire dans tout ça reste le casting et surtout l'horrible version française du film. Comme le DVD ne propose même pas une version originale on doit se farcir le film avec des doubleurs de soap opéra brésilien au chômage. Comme les personnages s'appellent Brandon, Marc, Tracy, Susan et Denise et que les dialogues sont d'une nullité affligeante allant de paire avec les situations on assiste souvent à de réjouissant moments de comique involontaire comme lorsque les quatre abrutis découvrent des poupées (et oui encore!) dans le frigidaire. Ce qui donne ça (retranscription à la lettre du dialogue, tant il serait criminel d'en modifier une virgule) :


   -Tracy ouvrant le frigo et découvrant les poupées : *Brandon tu peux me dire ce que c'est que ça*
-Brandon avec l'air surpris du lapin pris dans les phares : *C'est une blague ou quoi !!!*
-Marc pragmatique : *A toi de nous le dire Brandon c'est ta baraque*
-Brandon toujours aussi surpris: *C'est quoi ça* (lisant difficilement les trois mots le papier) *Vous allez le regretter*
-Tracy incrédule : *Mais qu'est que ça veux dire ?*
-Marc inquiet : *C'est toi qui nous a fait une farce allez avoue le*
-Brandon étonné et l'air innocent : *Moi ??*
-Marc un petit peu énervé quand même : *Ben oui, c'est chez toi ici.*
-Brandon: *Écoute Marc, Je te jure que je ne ferais jamais une farce pareil*
-Marc dont les neurones commencent à fumer : *Ah bah oui alors c'est qui ?*
-Denise amusée et ingénue: *Ouais si c'est pas lui c'est qui ?*
-Tracy énervée à son tout : *Arrête c'est pas marrant !*
-Denise : *Moi je trouves que si hihihi !*
-Tracy qui manque franchement un peu d'humour : *Et ben moi non* (et toc !)
-Brandon retournant habilement l'accusation : *Marc, ça c'est le genre de connerie que tu faisais à la Fac, dis nous que c'est toi*
-Marc du coup super vénère: *Putain je trouves pas ça marrant et je te jure que c'est pas moi*
-Tracy : *Denise est que c'est toi soit franche ?*
-Denise très franche: *Franchement c'est pas moi mais je sais qui c'est*

Suspens insoutenable à couper au couteau à beurre...
-Marc le regard bovin : Qui ?
-Denise révélant l'impensable vérité : Mouais c'est Georges, ce détraqué suceur d'orteil nous a sûrement suivit jusque ici (Avec un routier obèse et psychopathe déguisé en clown, fétichiste des poupées et suceur de pieds prénommé Georges on es pas loin de tenir le boogeyman ultime de l'histoire du cinéma.)
-Tracy vraiment dégoutée : Si c'est comme ça je me tire...
Ils remarquent alors qu'il manque Susan
- Marc soudainement inquiet : Et Susan elle est ou ?
- Denise avec toute la classe et la douceur qui la caractérise : Sûrement quelque part en train de se remettre de ton énorme bite , je sais que moi il me faudrait une semaine.


Et ce genre de situations débiles soutenues par des dialogues aussi fins que brillants le film en comporte des dizaines quitte à faire saigner les oreilles des amateurs de la langue de Molière comme le sublime "Elle a l'air vraiment malheureux". Les acteurs sont absolument nuls avec une mention spécial au brun ténébreux sans le moindre talent ni charisme avec son air bien crétin dont les expressions faciales lorsque il joue la peur, la réflexion, l'inquiétude, la tristesse ou le bonheur sont un pur bonheur.


Un Week-end En Enfer est donc un bon gros navet (oui il est objectivement plus navet que nanar) le genre de film qui fait pleurer des larmes de sang aux critiques et amuse les amateurs déviants de mauvais films. C'est chiant, c'est mou, ce n'est jamais effrayant, c'est visuellement immonde, c'est nul jusque dans son twist moisi à la Scream mais c'est bien assez con pour passer un bon moment.

Créée

le 6 déc. 2020

Critique lue 280 fois

2 j'aime

2 commentaires

Freddy K

Écrit par

Critique lue 280 fois

2
2

Du même critique

Orelsan : Montre jamais ça à personne
freddyK
8

La Folie des Glandeurs

Depuis longtemps, comme un pari un peu fou sur un avenir improbable et incertain , Clément filme de manière compulsive et admirative son frère Aurélien et ses potes. Au tout début du commencement,...

le 16 oct. 2021

75 j'aime

5

La Flamme
freddyK
4

Le Bachelourd

Nouvelle série création pseudo-originale de Canal + alors qu'elle est l'adaptation (remake) de la série américaine Burning Love, La Flamme a donc déboulé sur nos petits écrans boosté par une campagne...

le 28 oct. 2020

53 j'aime

5

La Meilleure version de moi-même
freddyK
7

Le Rire Malade

J'attendais énormément de La Meilleure Version de Moi-Même première série écrite, réalisée et interprétée par Blanche Gardin. Une attente d'autant plus forte que la comédienne semblait vouloir se...

le 6 déc. 2021

44 j'aime

1