un essai déconcertant sur la machine qu'est devenu Los Angeles, une ville ne dormant jamais, comme le "héro" d'Under the silver lake. Assurément, Mitchell ne laissera pas indifférent avec son dernier film.
C'est qu'il en aborde des thématiques et névroses de cette ville, car Los Angeles est bien le personnage principal du métrage, un mutant implacable, broyant ses ouailles sans ménagement ni compassion, les emportant grâce à ses illusions de richesse, gloire, amour? et célébrité dans un tourbillon d'excès en tous genres pour mieux les étourdir, puis les digérer, pour n'en laisser au mieux qu'une petite pierre tombale grise ou de la pellicule comme trace éternelle.
Oui, Under the silver parcoure tout cela de façon intéressante, en recyclant une imagerie pop-rock, et bien plus encore, le suicide, la société de consommation, les influences, la conspiration, la recherche d'identité voir le sens de l’existence. On a bien un héritage parfois habile du Mullholand Drive de Lynch, avec une bonne dose de clins d'oeil dessus, un remake Warholien, en quelque sorte.
Cependant, le film s'égare trop dans des ramifications sans issue, elles ramènent donc sans transition Sam, un très bon Garfield, sur sa décevante quête principale, car ce point de départ, une fille, un coup de foudre et un mystère était prometteur mais se trouve trop vite pollué par la quantité de rencontres et autres bizarreries, à tel point qu'on se demande même si son but n'est pas de comprendre sa schizophrénie naissante contagieusement attrapée avec un tel environnement toxique. Le film se plombe de ni queue ni tête, donc, vers 1h30 de pellicule pour nous laisser avec notre ennui. Trop d'incohérences (la baignade sanglante, le tueur de chien ou le roi des clochards par exemple), d'éléments jetés sans piste d'explication ou de réflexion (le pirate, les animaux ou les rencontres noctures du parc) qui nous laisse nous dépêtrer trop souvent seul pour déchiffrer des indices où il n'y en a peut être pas, comme Sam et sa recherche de messages tordus dans les paroles d'une chanson. Une intrigue plus simple, suivie et rationnelle aurait fait gagner à Under the silver lake ses lettres de noblesse, à l'image de Lynch qui avait construit une histoire laissant toujours un bout dépasser, peu importe l'approche prise, mais gardant une direction fixe et une homogénéité de ton.
On reste ici avec un agencement de cases façon Lichenstein, parfois proche d'un film suédé, souvent oniriques, qui font une belle exposition d'essais sur l'ensemble, mais malheureusement pas un film tenu.