Under the Silver Lake se place dans la directe lignée de Mulholland Drive en suivant un personnage principal paumé mais dont le véritable héros du film est son cadre chimérique : Los Angeles. Ville de fascination, de fantasmes et de mystères, elle a tellement de facettes qu'elle parait en dehors du temps et de l'espace, intoxiquant par la même ses habitants plus perchés les uns que les autres. Plus rien n'est normal, pourtant à L.A. ça n'étonne personne. Cette ballade du troisième type emmenée par un super Andrew Garfield à la recherche de son crush "girl next soor" disparu n'est qu'un alibi pour nous enfouir sous une montagne de moments très souvent barrés mais rarement compréhensibles dans la continuité du récit placé sous le signe du désir sous toutes ces formes. Les anges de la cité sont les femmes, énigmatiques Vénus aux seins nues, qui contrôlent aussi bien cet univers aux règles étranges que leurs propres destinés, au delà des émotions qui dépassent de loin Sam pourtant à la recherche d'une vérité.


Cette course vers la nécessité de comprendre ce qui l'entoure, quitte à en oublier la dure loi du quotidien (travailler, payer son loyer), l’emmène à imaginer les complots reptiliens les plus absurdes. Ce qu'il découvre dans son périple, à supposer qu'il le vive vraiment, va bien plus loin que ses représentations... mais aussi des nôtres ! Là où David Lynch avait le génie de déconstruire totalement son film après 2h, David Robert Mitchell nous lâche dès les début dans la nature hollywoodienne. Les moins patients couleront rapidement au fond du lac. Alors, il y a bien cette scène exceptionnelle avec le Compositeur à faire pâlir l’Architecte et sa Matrice, mais ce sommet nous oblige à supporter une longue descente sans queue ni tête où l'illogique se mélange à la culture pop et consumériste de nos société : tout a la même valeur.


Bourré de sous-texte et de clins d’œil, Under the Silver Lake est typiquement le film à revoir pour tenter d'en percer ses mystères et se donner une idée consistante de ce qu'il signifie. Il donne à discuter, ce qui en fait un objet d'intérêt, idem pour sa réalisation impeccable mais un tel condensé, bordélique à souhait, n'est pas que le symbole d'une illusion californienne, c'est aussi une œuvre profondément subjective qui oscille entre le fatiguant, le prétentieux et l’incontrôlé. What's The Frequency, Kenneth?

ZéroZéroCed
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le 24 août 2018

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