Under the Silver Lake, dans sa tortueuse narration, rend notamment hommage à l'un des films les plus sublimes qui ait jamais été tourné, L'heure suprême de Frank Borzage (Seventh Heaven, 1927) avec la merveilleuse Janet Gaynor. Cela s'appelle avoir du goût et rien que pour cela, le film de David Robert Mitchell ne saurait être mauvais. Ceci étant, Under the Silver Lake ploie sous le joug des références qui auraient pu le noyer sauf que le réalisateur sait imposer avec talent une mise en scène et un univers qui lui sont personnels. Le film est un vagabondage hirsute et nonchalant dans l'univers de L.A, sous forme d'enquête peu réaliste, entre fêtes décadentes et mystères souterrains. Un jeu de piste qui évoque de façon ludique Alice au pays des merveilles avec dans le rôle du héros un type désoeuvré et voyeur (le cinéaste l'est aussi avec une propension à filmer les fessiers féminins), suivi à la trace pour ses effluves de putois, qui trouve dans sa quête comme une épiphanie identitaire (il serait temps, vu son âge). Lesté de quelques longueurs mais parsemé de scènes gracieuses, Under the Silver Lake est à la fois insouciant et sérieux comme la nostalgie, mixant pop culture et éloge des souvenirs mythique d'Hollywood. Il a parfois des allures d'exercice de style un peu vain mais convainc in fine par sa fausse décontraction, sa mélancolie sous-jacente et son insistance à dénicher dans l'ennui du monde moderne des scintillements et des ébahissements régénérateurs, quitte à ce que soir en retrouvant les parfums fanés du passé. De quoi faire passer l'odeur du putois.

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le 9 août 2018

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