Une étrange effervescence est montée autour de ce projet. Un trailer très intriguant, des photos dévoilées de Scarlett Johansson et un univers apparemment proche de l'univers David Lynch.
L'étrangeté, l'ambiance visuelle et sonore et un personnage particulier peuvent faire penser au réalisateur d'Elephant Man. La comparaison me paraît cependant pas si évidente. Les premières minutes renvoient plutôt à "2001, l'odyssée de l'espace" de Kubrick. Enfin s'il faut réellement trouver une inspiration dans ce film singulier, la tension s'apparente quelque peu à du Cronenberg.

"Under the Skin" est un œil fixé sur l'être humain comme celui de Hal dans "2001...". Avec Scarlett on pose notre regard sur les âmes vagabondes. L'une des premières scènes prend le temps de montrer, comme un kaléidoscope, les multiples faces des êtres humains. Coups d’œil objectifs qui sont les prémices d'une infiltration au corps de l'Homme.

Dans la première partie du film on rôde avec une créature aux apparences normales, et même avantageuses. Ses intentions restent un mystère. Ce n'est pas tant son dessein qui importe mais la façon qu'elle a de s’imprégner de l'humanité. Cela ce fait dans une ambiance absorbante et fascinante. La musique et la photographie conjuguent l'envoûtement de Scarlett, hypnotique comme Ka du "Livre de la jungle". Elle pêche de drôles de poissons, des hommes insignifiants, malléables et uniquement sexués. Elle les entraîne dans son filet, ils deviennent encore plus flasques et vides.

Dans ce parcours notre croqueuse d'hommes en rencontre un pas comme les autres. Il est défiguré. Dans son habituel stratagème elle est bousculée par ce personnage qui se livre lui même. Comme le physique ne parle pas pour lui, ce sont des mots (rares jusque là) qui exprime ce qu'il est. Il se dégage alors une âme, un vécu, des émotions. La mante religieuse se nourrit aussi de cela. Alors elle hérite de toute la fragilité de l'esprit humain.

Commence là une phase plus lasse de son intégration. Une sorte d'épanchement du personnage de Scarlett Johansson qui s'humanise. Elle imite pleinement le mode de vie des Hommes jusqu'au coïte, ce qui lui éclaire ses failles. Elle trébuche, elle vit la désillusion d'une histoire d'amour précipitée et subit la violence de l'animalité et la brutalité de l'être humain. La créature quitte alors tout forme humaine.

Sans abuser de ses charmes et son immense sensualité (pourtant à nue pour la première fois), Scarlett Johansson est encore d'une présence obsédante. C'est réjouissant de la voir briller dans un film profond, énigmatique et qui est une fabuleuse expérience visuelle et sonore.

Créée

le 28 juin 2014

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Adam Kesher

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