Voilà presque dix ans que Jonathan Glazer n'avait plus de donné de nouvelles sur pellicule. Birth avait pourtant de quoi nourrir les attentes d'un auteur pas comme les autres en devenir. Under the skin n'a rien du blockbuster attendu vu son sujet et sa star à l'affiche. Jonathan Glazer nous offre une œuvre plus mystérieuse encore que ne l'était Birth.


''Une extraterrestre arrive sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître''. Une intrigue qui tient sur une ligne pour un film qui soulève autant de questions. Pourquoi ? Comment ? Difficile de cerner les intentions et les méthodes de cet alien débarqué pour faire du mal aux mâles. Néanmoins Jonathan Glazer a su imprégner son film d'une atmosphère telle qu'on se laisse complètement absorbé par ce qui s'apparente de plus en plus à une expérience unique de cinéma. Une bande-son sortie des meilleurs films de Lynch, une mise en scène extrêmement imaginative et une qualité d'image digne d'une installation vidéo font d'Under the Skin le film le plus plastiquement sublime de l'année.

Absorbé par le physique de Scarlett Johansson les jeunes écossais suivent sans réfléchir la belle, se déshabillant au fur et à mesure, et s’enlisant petit à petit dans un sol qui devient mouvant sous leurs pas, jusqu'à être pris aux pièges de leurs désirs. Plus tard on comprend que la créature ronge l'intérieur de ses victimes, laissant une peau amorphe, vidée de toute substance. Ce qui semble intéresser l'extraterrestre c'est ce qui se trouve sous la peau, faisant fi de celle-ci et donc de l'apparence extérieur des jeunes hommes. Sa peau à elle, sous les traits de Scarlett Johansson, ne sert que d'appât. Under the skin s'apparente donc à une nouvelle réflexion sur le désir physique, déjà au cœur de Birth, où une quarantenaire finissait par tomber amoureuse d'un enfant en faisant abstraction de son physique de dix ans.
Idée formidable que celle d'avoir mis une star planétaire, connue pour son sex-appeal, en face de ces jeunes acteurs amateurs, rajoutant davantage de surnaturel à l'atmosphère générale du film. Scarlett Johansson nous avait déjà ébloui avec sa voix dans Her, elle impose cette fois-ci son physique avec une grâce délicieuse sans prononcer plus de trois phrases. L’avènement d'une actrice qui n'hésite pas à jouer sur le fantasme planétaire qu'elle provoque.


Outre le mystère général qui englobe le film, Under the skin est une petite merveille formelle et une vraie expérience de cinéma. Jonathan Glazer nous offre un film hors du temps, une sorte d'Apichatpong Weerasethakul sexy, laissant le spectateur stupéfait par la surprise.
JimAriz
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le 5 juil. 2014

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