Underwater (William Eubank, U.S.A, 2020, 1h35)

Vouloir se placer dans l’héritage du « Alien » de Ridley Scott, et du « Abyss » de James Cameron, en mélangeant un peu les deux pour voir ce que ça fait, n’est jamais une très bonne idée. D’une, ce sont deux chefs-d’œuvre incontournables, et de deux, il faut arrêter d’essayer d’imiter, pour se trouver une identité propre. De trois, quand c’est plus de l’hommage et du repompage, on ne se place plus dans l’héritage, mais dans la vile copie.


« Underwater » s’avère voué à l’échec dès son introduction. Voulant absolument plonger dans une ambiance « sous tension », le soin de poser un univers riche et cohérent passe à la trappe. Une fois le récit lancé, il ne prend pas non plus le temps de l’étoffer. Cela fait qu’on se retrouve face à des personnages fonctions, pour qui l’empathie ne se révèle pas innée, donc leur sort intéresse peu. D’autant plus, ils correspondent à des clichés vus mille fois ici et là, et en mieux.


Devant la peine qu’éprouve William Eubank (coupable du déjà très chiant « Love » en 2011) à faire vivre ses protagonistes, et à développer son histoire, c’est un ennui poli qui s’installe. Il n’est perturbé que de temps à autre par des petits à-coups. Ces derniers sont produits par quelques fulgurances qui laissent se dire que ça ne manquait pas de grand-chose pour devenir sympa.


Au final, ça se regarde quand même assez facilement, malgré que ce soit assez brouillon dans l’ensemble. À trop vouloir suivre les personnages au plus près de l’action, dans un exercice très proche de « ’Gravity » (là encore un film dont il « s’inspire » allégrement), l’ensemble devient des plus confus. De nombreuses scènes s’avèrent ainsi illisibles. On ne sait pas d’où vient le danger, qui se trouve en danger, qui sauve qui, qui se situe où… C’est quand même bien le bazar.


Pourtant, et là c’est le cœur tendre qui parle, le film déploie une envie de bien faire. Les comédienes sont impliquées, il y a une dimension d’urgence qui sied bien à l’ensemble, même s’il avait été bien de poser le récit avant de le lancer à toute bride. Et de petites audaces visuelles, un peu vaines, viennent tout de même rappeler de temps à autre qu’il y a un metteur en scène derrière la caméra.


Cela peut se percevoir dans le monstre, auquel est donnée une dimension lovecraftienne des plus bienvenue. Même si le filon n’est pas assez exploité, c’était pourtant l’occasion de proposer un truc. Surtout, notre période connait un regain d’intérêt pour l’écrivain fou du Rhode Island. Mais une fois de plus, il demeure cette impression tenace que le métrage passe à côté de son propos. Et ne dépasse jamais le genre du petit survivais anodin. Manquant clairement d’ampleur par rapport aux intentions formelles de son réalisateur.


Il y a par exemple ces voix off du personnage principal (Kristen Stewart), placées en début et en fin de film, censées donner son point de vue intérieur sur la situation. Le problème réside dans des réflexions mal amenées, qui dénotent totalement avec l’ensemble. Venant lui donner une dimension existentielle, et presque métaphysique. Donc même là aussi c’est un peu raté.


Moralité, vouloir se placer dans l’héritage du « Alien » de Ridley Scott, et du « ’Abyss » de James Cameron, en mélangeant légèrement les deux pour voir ce que ça fait, n’est jamais une très bonne idée. Tenons-le pour dit !


-Stork._

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le 9 août 2023

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Peeping Stork

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