Autant vous prévenir, ça va spoiler un peu.
Underwater met en lumière une tare massivement observée dans les super productions catastrophes sortant des studios californiens : Il se balade main dans la main avec l'absurdité.
Dans le monde façonné par hollywood, il suffit de créer des courts-circuits sur n'importe quel ordinateur pour le faire fonctionner correctement, les protagonistes font des blagues même quand ils sont sur le point de mourir, les femmes, bien que scientifiques et/ou mécaniciennes, sont parfaitement maquillées et fardées en toute circonstance,
le noir meurt au début ( c'est une tradition),
et tout bon réacteur nucléaire digne de ce nom possède une commande de surcharge pour entrer en fusion. Sérieusement ?
On peut faire entrer un réacteur nucléaire en fusion en moins de 60 secondes en alignant trois curseurs sur un clavier tactile, et même une simple technicienne peut accéder à ces paramètres qui plus est ?
Pourtant Underwater possède de solides atouts pour nous faire ressentir l'angoisse des grands fonds : la pénibilité du déplacement, les crises de certains personnage lorsqu'il faut aller/retourner dans l'eau, la lente folie des profondeur qui gagne les survivants. Bien que certains aspects plus psychologiques liés au confinement soient balayées en quelques secondes,
comme la confusion du capitaine M Le Français à 45 min, qui commence à débloquer devant l'écran de surveillance du module de secours,
d'autres scènes plus angoissantes rattrapent bien l'impression globale d'arnaque qui sous-tend le scénario et la mise en scène.
Concernant le bestiaire de ce film, on ne donnera pas le nom de la créature finale, hein, je pense qu'à ce stade tout le monde a une petite idée de qui c'est. Par ailleurs, traiter de ce genre de mythologie uniquement sous l’aspect biologique et technologique est assez insensé.
En effet, ce qui est intéressant chez Lovecraft (dont s'inspire largement William Eubank), ce n'est pas que Cthulhu soit un gros monstre sortant des abysses, c'est qu'il soit appelé par des humains possédés qui lui vouent un culte, ce qui n'est pas le cas dans le présent film, bien évidemment. C'est la fascination pour le mal qui rend le récit horrifique, et non le mal en lui-même. Enfin passons.
Au final Underwater se révèle être plus une bonne adaptation sérieuse de "Captain Konstadt", le onzième épisode de la saison quatrorze de SouthPark, que de la matière Lovecraftienne dans son ensemble. Je ne sais pas comment les scénarios d'Hollywood sont travaillés, mais j'ai peine à croire qu'ils se mettent à plusieurs dessus.