n s'attaquant au conflit israélo-palestinien avec Une bouteille à la mer, adaptation du roman épistolaire de Valérie Zennati, Thierry Binisti a vu peut-être un peu grand, et construit un film mièvre, schématique, qui n'apporte rien à ce sujet sensible.

Tal, une jeune française installée depuis peu en Israël avec sa famille, est témoin de son premier attentat suicide. Voulant comprendre les raisons qui poussent à un geste aussi absurde, l'adolescente écrit une lettre à un palestinien imaginaire, la glisse dans une bouteille et la confie à son frère qui la jette à la mer. Quelques semaines plus tard, un certain Gazaman lui répond.

On essaye de suivre tant bien que mal cette correspondance mais les situations caricaturales nous irritent grandement, spécialement du côté israélien. Tal, interprétée par Agathe Bonitzer, aurait méritée un traitement moins simpliste. Certes, elle a 17 ans, certes à cet âge on se cherche et les conflits avec les parents son monnaies courantes, mais à force de trop s'aventurer sur ce terrain là, le personnage apparaît comme une enfant pourrie gâtée, compliquant ardemment le travail d'identification du spectateur. L'intrigue, très légère, ne parvient pas à creuser les thèmes forts du film : la peur de l'autre, le déracinement, la différence..., offrant juste des vérités digne de La Palice, comme la guerre c'est mal ou finalement, ils sont comme nous. Tout cela donne au film un petit air « gnangnan » qui ne permet pas au réalisateur d'offrir mieux qu'une gentille romance.

Les scènes du côté de Gaza sauve, tout de même, un peu les meubles grâce à la relation entre Naïm (Mahmud Shalaby) et sa mère (Hiam Abbass), touchante et pleine de tendresse, portée par un très bon jeu de comédiens. La caméra, au plus proche de ses personnages, renforce le manque d'espace dont souffre les habitants palestiniens, devenant même un vecteur de tensions. Enfin, la séquence finale impressionne par les cadrages de ce mur gigantesque, sans limites définis, symbole d'un conflit vieux de presque 70 ans, qui ne semble pas enclin à s'arrêter.

Bien que pétri de bonnes volontés, Une bouteille à la mer ne dépasse pas le stade de mignonne petite chronique aussi douce qu'une sucrerie. Évitable donc.
claudie_faucand
3
Écrit par

Créée

le 7 mars 2012

Critique lue 725 fois

2 j'aime

claudie_faucand

Écrit par

Critique lue 725 fois

2

D'autres avis sur Une bouteille à la mer

Une bouteille à la mer
Pointofview
7

Une bouteille à la mer [Spoilers]

On aurait pu s'attendre à une histoire sirupeuse, emplie de roses et de violons, où des protagonistes évolueraient théâtralement dans un décor de guerre. Il n'en est presque rien. Lorsqu'une...

le 7 mars 2012

3 j'aime

2

Une bouteille à la mer
LeBlogDuCinéma
7

Thierry Binisti aborde un sujet sensible et difficile à traiter en restant objectif.

Le film Une Bouteille à la Mer de Thierry Binisti aborde un sujet sensible et difficile à traiter en restant objectif. Le conflit israélo-palestinien est étudié au travers des regards de deux jeunes...

le 19 mai 2012

2 j'aime

3

Une bouteille à la mer
claudie_faucand
3

Critique de Une bouteille à la mer par claudie_faucand

n s'attaquant au conflit israélo-palestinien avec Une bouteille à la mer, adaptation du roman épistolaire de Valérie Zennati, Thierry Binisti a vu peut-être un peu grand, et construit un film mièvre,...

le 7 mars 2012

2 j'aime

Du même critique

Rock'n'Love
claudie_faucand
8

Rock' n' Love : Ils ont refusé, mourir d'amour enchaînés

Le pari de David Mackenzie était complètement fou : réaliser un film en plein festival rock, et faire coïncider la durée du tournage avec celle du festival, soit seulement quatre jours et demi. Pari...

le 27 mars 2012

14 j'aime

Prometheus
claudie_faucand
8

Et j'ai crié Alien pour qu'il revienne

Nombreux sont les fans de la saga qui ont crié Alien pour qu'il revienne. Enfin entendus, il est de retour mais de manière indirecte dans Prometheus. Constitué de tenants et d'une mythologie propres,...

le 29 mai 2012

13 j'aime

7

Django
claudie_faucand
4

Django : un biopic... et des fausses notes

Un Reda Kateb comme tête d'affiche, une période dramatique de la France, le jazz manouche comme toile de fond, tout était présents pour faire de Django, un biopic quatre étoiles. Hélas, pour son...

le 11 mai 2017

12 j'aime