Voilà un bien joli western, assis solidement sur un scénario pas loin d'être béton, qui fait la part belle à des personnages tourmentés par les dilemmes auxquels ils se trouvent confrontés malgré eux.
Comme souvent dans ce genre de films, les héros sont taraudés par l'emprise grandissante de la loi sur l'ouest de moins en moins sauvage. Le cul entre deux chaises, la liberté, l'espace, la fuite ou la loi, le chemin tracé et la les risques de se colleter avec la société.
Douglas est assez fortiche pour tracer une personnalité à la fois obtuse par des certitudes et une droiture nées d'un traumatisme fondateur, mais également il parvient à lui donner une teinte progressivement harcelée par ses sentiments. L'amour ne fait pas souvent bon ménage avec la raison, hein? Il l'apprend à ses dépends et à ceux des autres. La tension monte peu à peu dans le petit groupe qu'il dirige à travers le désert, pourchassé par une bande de cowboys assoiffés de vengeance. Il est chargé d'amener le suspect d'un meurtre vers une ville. Les poursuivants veulent le lyncher sans autre forme de procès. La fille du vieil homme prisonnier est de la traversée et ne laisse pas Douglas de marbre. Une des plus belles scènes d'érection qui m'aient été de voir... non, je déconne. Virginia Mayo est assez connue. Je ne pense pas que c'est avec cette prestation qu'elle a fait son succès. Pas vraiment impressionnante.
Son père, le vieux suspect est un de ses acteurs dont on oublie trop injustement et systématiquement le nom, mais pas la bouille, ni encore moins la voix, avec son accent si chantant et son phrasé si particulier un peu geignard, sûrement génial. Walter Brennan, puisqu'il s'agit de lui, n'est pas seulement une gueule, un physique si souvent utilisé en second voire troisième rôle dans les westerns de ce temps-là, il le prouve dans quelques scènes ici, avec une performance d'acteur étonnante et réjouissante, il arrive à donner sur certaines scènes une intensité qui fait plaisir à voir. Oui, de bien belles scènes parsèment un récit somme toute assez basique.
La réalisation de Walsh est sans tâche. L'accent est mis sur les confrontations d'acteurs, de jeux, leurs interrogations profondes aussi, leurs désirs sans cesse en danger, aliénés par l'épée de la loi au dessus de leurs têtes et de leurs actes.
Alligator
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le 26 déc. 2012

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