• Aide-moi.

  • Adresse toi à ses frères.

  • Tu es le seul qui puisse tenir tête au Rogers.

  • Je les connais pas.

  • Justement.

  • Ça m'intéresse pas.

  • Si tu ne le fais pas pour lui, fais-le pour moi.

  • Ni pour lui, ni pour toi. Je ne veux plus d'histoire.

  • Alors fais-le pour ça ! C'est la part de Ben.

  • Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ?

  • Ce que tu voudras.

  • Et si je refuse ?

  • Je me débrouillerai seule. Je sais ce qu'il me reste à faire.

  • Ils te tueront.

  • Ça m'est égal.

  • Viens me voir dans deux jours.




Western à la française



Une corde... un colt... est un western franco/italien pour le moins étonnant réalisé et écrit par Robert Hossein qui fait appel à la comédienne française Michèle Mercier. Pour rappel, les deux stars se connaissent très bien, étant les personnages centraux de la saga "Angélique, Marquise des anges". Pour cette nouvelle union, les deux amis livrent un western atypique. Un far west au fort potentiel doté de brillantes idées, mais qui malheureusement manque de finalité. Une Corde, un Colt est excellent dans sa texture narrative. Le film livre un concept intelligemment sobre, usant de peu de mots dans les dialogues. L'expression dramatique est avant tout mis en avant via les regards que se lancent les personnages. La subjection de la vue est bien plus profonde que les mots, et ce long-métrage le prouve par une subtilité du langage corporel. À travers des yeux expressifs aux pupilles démonstratives, par une lueur de sueur toujours appuyée sur le physique, les séquences mémorables s'affichent.


La séquence du repas est un parfait exemple de la réussite de ce procédé. Tous se scrutent du regard dans une scène atmosphériquement pesante, avec une caméra qui dissèque l'ensemble des visages. Des cadres intelligents qui décortiquent et dévisagent la moindre parcelle d'émotion, jusqu'à la révélation de la mauvaise blague. Une mise en scène surprenante faisant de cette séquence la meilleure du film. De l'aveu du cinéaste, cette séquence a été tourné par Sergio Leone lui-même (ceci explique cela). D'autres moments sous tension brillamment synthétisés se révèlent comme avec la grave scène du viol, ou encore le terrible final. Une confrontation finale lourde de conséquences. Une conclusion amère qui met une fois de plus en avant le talent de transmissions de la caméra par le biais d'un visuel dramatiquement sensationnel. Une finalité à la hauteur de la tragédie qui se joue.


L'intrigue est sans prétention. On est une fois de plus plongé dans un récit de vengeance, où une femme veut venger son mari exécuté sous ses yeux. La loi du Talion, explorée avec maturité et lucidité via une écriture intelligente. La mort n'est pas la punition envisagée, c'est l'humiliation. L'apport dramatique change un peu la donne, vu que l'ensemble des protagonistes dont des véritables salopards. Pas de place aux gentils dans cette histoire. La texture visuelle de Robert Hossein est impeccable. Il présente un western qui a de la gueule. Les décors ainsi que la photographie sont réussis. La ville fantôme est une expression de la folie tordue des hommes. Une désolation ambiante qui colle bien. La musique est de qualité. Signée André Hossein, le papa de Robert Hossein, qui livre une partition rythmée qui s'écoute avec plaisir.


Avec Une corde... un colt... Robert Hossein propose un western efficace au potentiel conséquent qui malheureusement va rencontrer des problématiques dans le rythme et les actions. Le rythme est lent, très lent. Les fusillades bien que pas mauvaises sont mal filmée. Les détonations sonnent faux. Le duel final à un contre quatre sous un climat intensif souffre d'une mise en scène friable. Un basculement qualitatif qui dérange. Quel dommage ! La distribution sans être extraordinaire est appréciable. Hossein, en mercenaire accro au suçage de cigare munit de son gant de duel a de l'allure, même si on aurait bien aimé en savoir davantage sur lui. Mercier dans le rôle de Maria, incarne parfaitement la veuve pleine de rage. Elle est très bien nuancée. Les soi-disant antagonistes sont finalement les moins pourris de l'histoire, bien qu'ils le sont aussi. On comprend les motivations de chacun.


CONCLUSION :


Une corde... un colt... est un des rares westerns français qui mérite d'être vu. Bien qu'imparfait, les ingrédients proposés restent suffisamment plaisant pour tenter l'aventure. Entre la scène tournée par Sergio Leone, et le fait qu'il s'agit d'un western français, ce film mérite qu'on fasse l'effort de le visionner.


Un petit western à la française qui ne manque pas d'intérêt, même s'il se tire lui-même une balle dans le pied.

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