Je ne sais pas pourquoi ce film a été marketé comme une comédie romantique... Sans doute parce qu'il s'agit d'une héroïne (ou pour préserver le suspense.) Sur le DVD il est précédé des bandes-annonces de "Dear John" et "New-York I Love You" qui annoncent le niveau. Pourtant, ce n'est certainement pas une histoire d'amour.
Je n'ai pas d'autre exemple d'une héroïne de cinéma qui m'ait semblé aussi proche de moi tout en m'inspirant autant d'admiration.
Attention spoilers !
Les acteurs sont merveilleux, la réalisation est discrète, le scénario subtil et intelligent. Il s'agit d'un cinéma pudique, très anglais je crois, qui fait l'ellipse sur les passages les plus chargés. On suggère plus qu'on ne montre ; et les petits moments/regards apparaissent rétrospectivement comme autant d'indices. Même si le film porte un message passionnant, il réserve quelques passages comiques, les personnages du père et de "Aunt Helen", caricaturaux sans être lourds, sont adorables.
L'histoire de Jenny est celle d'une adolescente, et elle prend place dans l'Angleterre de 1961 qui voudrait bien, elle aussi, faire sa crise d'adolescence. Le pays comme l'héroïne veulent s'amuser un peu et sont empêtrées dans l'austérité et le tartan.
Pour Jenny, seule une lointaine et hypothétique perspective de réussite universitaire (Oxford) pourra la sortir de la médiocrité ambiante. Mais le chemin pour y parvenir n'est guère enthousiasmant.
Donc quand David l'aborde, parfait gentleman, cultivé, gentil, maladroit, aimable sans être intimidant, elle se laisse tenter. Elle s'embarque dans cette histoire avec réserve, sans grande passion pour le personnage (un peu vieux pour elle, pas très beau) mais surtout attirée par la sphère dans laquelle il évolue.
Ce n'est pas une oie blanche qui se laisse avoir (elle ne semble manipulée à aucun moment), c'est une jeune fille qui cherche un moyen d'embellir son quotidien et qui croit pouvoir y parvenir à la fois facilement et sans concession. Ce n'est pas le cas bien sûr.
Doit-on céder à la facilité ? (la question reste d'actualité, particulièrement pour les filles) Les parents, dans leur recherche désespérée de sécurité matérielle pour leur fille unique sont prêts à renoncer à toute ambition pour elle... pour un résultat immédiat. Ils s'empêtrent dans leurs contradictions. Eux-aussi sortiront mûris par leurs désillusions.
Je ne crois pas qu'on puisse parler d'amour, Jenny est plus proche intellectuellement de Danny, qu'elle connait à peine. Il s'agit de chemin, de l'importance de tracer sa propre voie. Ce qui importe ce n'est pas la destination, c'est le voyage. Jenny va devoir en prendre conscience pour devenir adulte, pour la vie qu'elle veut, "il n'y a pas de raccourci."