La ballade de Jimmy

Un film un peu à la Zola du 21eme siècle où la Comédie humaine se retrouve en Lorraine. C'est l'histoire d'un gamin de 10 ans livré à lui-même avec des parents toxico dans une ville d'une région sinistrée.
Il a des rêves comme tous les gamins mais essaie de vivre ou survivre devant l'injustice sociale et familiale.
Je l'ai vu en avant-première et j'ai salué le réalisateur puisque j'ai, comme lui, grandi à 40km de la ville où il vit et a tourné (nb: pour les Lorrains, la scène est à Dombasle sur Meurthe, il fallait oser!)
Cette photographie prise en Lorraine, pourrait être dans une autre région de France, en Europe ou ailleurs, aujourd'hui comme il y a 10 ans, 30 ans, 40 ans. La différence aujourd'hui est que les gamins ont la console de jeux.
Philippe Claudel a voulu montrer la violence à laquelle les enfants sont soumis dès leur plus jeune âge faute de parents présents ou responsables, les enfants qui deviennent adultes trop tôt, la répartition sociale à l'entrée du collège entre celui pour les enfants "bien" et les autres, la non-accessibilité des enfants aux loisirs qu'ils souhaiteraient, le refuge dans les jeux -video pour s'enfermer dans la bulle et ne pas entendre les parents se défoncer, l'attrait de l'argent facile et le carrefour entre la délinquance et le droit chemin. Les sujets qui peuvent fâcher sont montrés; l'attrait de l’extrême-onction, la drogue, les allocations et les petits trafics comme moyen de survie et le bisounours-club du service public.
Il a souligné qu'il pensait faire un film du personnage principal ado et un troisième jeune adulte.
Le film peut paraître trop cliché mais n'est pas loin de la réalité finalement. Les acteurs, comédiens ou non, sont bons et assument l'humanité de ce drame social. Les spectateurs de la salle parisienne semblaient découvrir un autre monde. Ben oui, c'est comme ça à 400km de chez vous! En tout cas, j'ai apprécié de voir ma chère campagne au grand écran ( du made in Lorraine exporté sur le territoire, ouais Mdame!) avec la vie qu'elle pose et impose.
C'est le genre de film qui gagne de la réputation dans la postérité un peu version comme les 400 coups ou la Guerre des boutons.