Sa popularité a influencé la révolution féminine, permettant aux femmes de la WWE de gagner en respect et en importance. A tous les laissé-pour-compte, suivez le parcours de Saraya alias Paige dans « Fighting With My Family », et découvrez d’un peu plus près les coulisses de l’univers du catch. Paige fera-t-elle passer les détracteurs par-dessus la barrière d’insécurité, par-dessus la table des commentateurs américains, ou PAR-DESSUS LA TROISIEME CORDE ?!


Naissance d’une catcheuse


Terminé le « catfight » et la touche glamour dans ce monde de brutes. Il aura fallu attendre l'été 2014 pour que les divas du catch, aient droit à une meilleure visibilité au sein de la discipline. Désormais, leur statut est égal aux hommes et elles combattront comme eux. L'occasion de découvrir que les femmes, en catch, en plus d’êtres sexy, elles assurent autant que les males voir même plus. N’imaginez pas voir les donzelles se tirer les cheveux et se griffer. Non, elles s’envoient de grosses patates et des coups de pieds qui font mal…TRES mal.


La responsable de cette révolution : Paige, 22 ans, catcheuse anglaise s'étant fait connaitre deux ans plus tôt sur le circuit indépendant avant de signer un contrat avec la célèbre WWE. Son petit look gothique, son teint aussi pâle que celui du catcheur Sheamus, sa personnalité et sa musique d’entrée de Bad Girl digne d’une Randy Orton au féminin, la jeune femme charismatique n’a pas mis longtemps avant de gagner des fans fidèles. Comment tout à commencé pour elle ? Comment a-t-elle réussi à percer dans le métier ? Sa vocation a-t-elle été guidée, approuvée par sa famille ?


La WWE, plus grande fédération de catch au monde ne fait pas que des émissions sportives, elle c'est aussi diversifiée en produisant des films d'action mettant en vedette des superstars du catch. Certes, des films de qualité médiocre à discutable mais l’envie de se diversifier en plus de se servir de son influence et de son argent pour venir en aide aux enfants malades via la fondation « Make A Wish », en font une fédération méritant le respect. Cette année, ô surprise, la WWE, en collaboration avec Dwayne Johnson joue dans la cour des grands et ne sortira pas un énième film d’action mais un biopic.


« Fighting With My Family », raconte comment un rêve est devenu réalité et comment en même temps il a faillit briser la relation fusionnelle entre un frère et une sœur. Ca sent le déjà vu. Et bien pas de la manière dont notre histoire sera contée. Au cinéma, on ne peut pas dire qu’on est rendu gloire au catch. Entre les comédies « Les reines du ring » et « Super Nacho » enfonçant le clou sur les préjugés liés à ce sport et « The Wrestler » un peu plus sérieux mais dont l’aspect trop documentaire et son manque d'impact émotionnelle empêchait le spectateur de faire naitre en lui une curiosité envers ce sport, le catch n’a pas réussi à décoller du front son étiquette mensongère. Injuste quand on sait que ce sport a un potentiel autant démentiel que la boxe ou le MMA. « Fighting With my family » c’est donc une occasion en or de redorer le blason de ce sport, prouver tout ce qu’il a véritablement de bon à offrir.


Vulgarités, grossièretés, incivilités, gout pour rock et le morbide, qu’on se le dise tout de suite, les 20 premières minutes beaufs, clichés à souhait ne sont pas du tout représentatives des passionnés de catch. Clairement, elles confirment les appréhensions des novices et détracteurs. On éprouve ni l’envie de donner une chance à toutes ses personnes passionnées de porter un regard neuf sur le catch, encore moins envie de donner de notre temps à un film si quelconque.



-Si c’est truqué est ce que vous croyez que la moitié de mon corps serait en miette ?
-Sa jambe gauche se plie entre les deux sens.



Comme d’un fait exprès, arrive une séquence à table où les beaux parents bon chic bon genre de Zak dinent aux cotés de la famille du jeune garçon. A ce moment, nous voila sur un pied d’égalité en voyant ces beaux parents dubitatifs très vite remis à leur place face à une famille passionnée ne manquant pas d’arguments crédibles. A partir de là et dès la scène suivante, le film prend une autre tournure, dégage une aura positive, cesse de se caricaturer tout seul. On sent que « Fighting with family » a bien plus à offrir que son image si caricaturale. On continue l’aventure et on fait bien. La dernière fois qu’un film sportif m’a donné envie de m’intéresser à une discipline sportive, c’était Rocky.


« Fighting with my family » trouve l’équilibre entre drame et comédie à l’anglaise, arrive à prendre le temps de développer ses personnages principaux et secondaires (tout le monde est important, même ce jeune aveugle apprenant à catcher…oui vous avez entendu et c’est vrai), tout en vous prouvant une énième fois que réaliser ses rêves, c'est possible si l'on se bat jusqu'au bout. Ceci nous renvoie à cette célèbre citation du catcheur Daniel Bryan « Bats toi pour tes rêves et tes rêves ce battront pour toi !». Qui aurait pensé que les catcheurs étaient philosophes ? Maintenant, vous savez pourquoi certains inspirent.


La scène du diner n’étant pas suffisante, peut être trop superficielle et maladroite pour certains spectateurs. Soucieux de rétablir la vérité sur l’esprit du catch, ce biopic a la ferme intention d’utiliser au bon moment toutes ses cartes pour prouver à ceux dénigrant ce sport qu’ils se trompent lourdement :


• Catcheur, diva, tous interprètent un personnage augmentant le volume de sa voix, en rajoutant une couche par si, une couche par là,
• Même si le monde du catch a un coté « fiction », les fans reconnaissent si les catcheurs sont sincères ou non,
• Les divas (anciennes majorettes ou stripteaseuses pour certaines) sont plus qu’une paire de seins et de fesses,

• Seuls les spectateurs décideront si oui ou non tel ou tel catcheur gagnera leur cœur et continuera à vivre de sa passion,
• Entrainements intensifs, débuts sur le ring, moments de solitude, d’épuisement et de doutes, être catcheur reste une des disciplines sportives les plus physique et psychologique.


Film sportif oblige, « Fighting with my family » ne pourra hélas pas éviter certaines séquences déjà vues (l’entraineur dur au grand cœur, les rivalités entre sportifs, la fraternité entre sportifs, l’entrainement à la Rocky). Toutefois, il a le mérite tout comme son homologue de construire narrativement et de manière originale une certaine intimité entre le spectateur et Paige. Les hauts, les bas, la désillusion, l’abandon, la montée de détermination, ce qu’elle vit, on le vit en même temps qu’elle.


Ses moments où elle devra faire face aux critiques et moqueries des autres athlètes sur son style vestimentaire et sa personnalité très garçon manqué (c’est ça d’être entouré de frères), ces passages physiques où elle apprendra en profondeur le métier de catcheuse (musculation, apprendre à tomber, anticiper les mouvements de l’adversaire pour éviter de se prendre un coup, etc.), et ne pas renier qui elle est juste pour être accepté, « Fighting With Family » nous plonge en plein cœur du monde sportif. La WWE se permettra même lors d’une petite séquence de s’autocritiquer.


Oubliez les biopics formatés, « Fighting with my family » change des productions habituelles du genre. Son honnêteté, l'authenticité du jeu des acteurs, la prestation de Florence Pugh mignonne à croquer, le message transmit, ce biopic pas comme les autres nous fait voir d’un autre regard l'univers de la célébrité, du catch, et ce que représente la difficulté de lutter contre les pressions familiales. Des représentations en circuit indépendant aux auditions, en passant par le centre d’entrainement de la NXT jusqu’aux premiers pas à la WWE, vous découvrirez la pression physique et psychologique que subissent nos sportifs. Via son film, la WWE encourage même ses athlètes en rappelant à tous de veiller à dissocier l’acteur du personnage qu’ils interprètent.


Ai-je oublié de mentionner que Dwayne Johnson et d’autres catcheurs font une petite voir grande apparition ? Que les parents de la petite Paige sont interprétés par Lena Headley et Nick Frost en mode vulgaires au grand cœur? Que tout comme l’avait fait le film « Bohemian Rhapsody » avec sa reconstitution du célèbre concert Live Aid de 1985, vous aurez droit à une reconstitution du premier combat de Paige à la WWE pour le titre des divas ?



-Je t’es pas volé ton rêve Zak. C’était mon rêve à moi aussi.
-Ah ouai ? Alors pourquoi tu fous tout en l’air ?!



Au final, oui « Fighting with my family » n’a pas l’intensité d’un Rocky, oui il n’est pas parfait (vous n'aviez personne d'autre de moins ressemblant que Zelina Vega en sosie d'Aj Lee?) mais, malgré quelques modifications voulues de certains faits afin de rajouter plus de dramaturgie (scènes visibles uniquement pour les fans), il est authentique, touchant, inspirant, réalisé, reconstitué avec passion, joué avec du cœur. Après ça, je peux définitivement dire à quel point j’aime le catch. Détaché de cette passion, j’ai sincèrement trouvé le film agréable à regarder. Un biopic humain, très intime et modeste, où l’on ne se focalise pas uniquement sur le sport mais bien sur le caractère humain.

Jay77
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le 30 août 2019

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