Il faudrait m’expliquer pourquoi, en France, les titres de films sont traduits de façon fantaisiste. « On the Basis of Sex » devient “une femme d’exception”, la base juridique se transforme ainsi en pseudo accroche marketing. Franchement, avec un titre pareil, on s’attend à un biopic d’un académisme poussiéreux… Et c’est bel et bien le cas ! Filmé sans audace et paré de costumes et d’une reconstitution d’époque qui font le job sans être excellents, il n’y a pas de quoi pavaner.
Heureusement, comme tout bon biopic, l’essentiel n’est pas là. Ce qui est primordial réside dans le fait de porter à l’écran une histoire peu connue qui, une fois visionnée, nous fait nous demander pourquoi nous n’avons pas eu droit à ce biopic plus tôt !
Bien dans l’ère du temps, ce film féministe et engagé compte l’incroyable combat juridique d’un petit bout de femme, Ruth Bader Ginsburg, qui, bon gré, mal gré, fini par faire trembler nombre de textes de lois qui contiennent une discrimination fondée sur le sexe.
Le scénario est écrit par le neveu de l’héroïne et a été nourri par les commentaires de la juge elle-même. Là où le film se distingue, c’est qu’en lieu et place d’une charge contre le sexe masculin, le film nous permet de découvrir un couple en avance sur son temps où l’homme épaule sa femme qu’il considère comme son égale. Sur ce terreau fertile, Ruth va subir les effets de la société patriarcale durant ses études et sa recherche d’emploi, puis combattre les injustices en cofondant le « Women’s Rights Project » et finir par être tellement reconnue qu’on lui proposera de siéger à la Cour Suprême !
Très verbal, un petit peu long par moment, n’en reste pas moins un sens aigu de la justice qui ravira ceux qui aiment les combats justes. Le couple Felicity Jones et Armie Hammer fonctionne bien, sans faire d’étincelles, ni de faux pas. La détermination de Ruth ainsi que ses doutes sont très bien joués par Felicity.
Il y a quelques superbes scènes qui montrent le conflit des générations qui peut générer quelque chose de constructif. Mention très bien lorsque le père explique à sa fille comment sa mère fonctionne, ainsi qu’une scène en extérieur ou l’on voit une pub pour Cosmopolitain lorsque la mère et la fille se font siffler par un groupe d’ouvrier. Sans oublier ledit procès qui vaut son pesant de Dalloz ! Enfin, la façon dont la véritable Ruth est montrée est originale et touchante.
Le film fourmille de petits détails bien sentis et surtout de bons dialogues avec un point d’humour bienvenu.
Au final, c’est un biopic intéressant qui, bien que très classique, mérite un petit détour.