Assez surpris de la note relativement moyenne du film car si le fond est certes assez classique on ne peut pas dire de même pour la forme relativement intéressante. Le procédé en réalité est très simple mais terriblement efficace et symbolique. En effet pendant la première partie du film, on peut constater que les personnages sont très rarement présent ensemble dans le cadre, le réalisateur préférant traduire toute l’opposition de personnalité entre les deux personnages principaux.


Le premier interprété par Jean Pierre Bacri est un ingénieur son d’une cinquantaine d’année peu enjoué voir cynique qui passe ses journées à lire ou à écouter de la musique classique chez lui pendant le week-end. Le deuxième personnage interprété par Emilie Dequenne est une jeune femme enjouée qui tente de joindre les deux bouts en cherchant divers petits boulots.


Cette dernière préfère écoutée du rap qui lui donne la pêche pour faire le ménage et s’abrutir devant des jeux TV avec Vincent Lagaf. Une totale opposition de personnalité qui se rencontre quand dans une scène assez belle ou les deux musiques (classique er rap) des protagonistes se mêlent pour créer une harmonie différente preuve d’un début de relation entre les deux et le fait qui n’arriveront pas à refreiner leurs désirs. En parlant de total opposition dans la première partie du film, Claude Berri va jusqu’au boutisme dans cette idée de réalisation.


En plus de les inclurent rarement dans le cadre, il utilise divers procédé pour nous le faire comprendre quand ils sont ensemble. Que ça soit Jean Pierre Bacri qui regarde Emilie Duquenne à travers un miroir (donc pas directement) quand Emilie Duquenne parle plusieurs fois à Jean Pierre Bacri alors que cette dernière est en position de hauteur dans le cadre (notamment dans le début de conversation ou elle essaye de le convaincre d’habiter chez lui) ou encore dans une scène de dîner ou la table est totalement excentré du cadre preuve d’une relation instable et fait pour durer peu de temps.


Pourtant par la force des choses, ses deux personnages que tout oppose tentent de vivre une histoire d’amour fragile et illusoire mais forte sur le court terme. De ce fait Claude Berri rassemble les personnages bien plus souvent ensemble dans le cadre. Cependant cette relation va s’effriter petit à petit car si Jean-Pierre Bacri sous son air revêche est fou amoureux de Emilie Dequenne, ce n’est pas le cas pur cette dernière qui aime ce dernier plus comme un flirt d’été et qu’on fini par ce lasser au final.


De ce fait cette dernière ne fait aucune concession alors que lui cède tout. Au final cette dernière s’attachera à un autre garçon de son âge et au moment de la révélation, les deux personnages sont une nouvelle fois non réuni dans le cadre preuve d’une rupture. A partir de la, Claude Berri nous montre alors le réel problème du personnage de Jean-Pierre Bacri. C’est un homme qui n’arrivera jamais à retrouver l’amour car il est toujours dominé par les femmes. Que ça soit son ex femme qui préfère fuir plutôt que de discuter avec elle alors qu’il l’aime encore, que ça soit Emilie Dequenne qui parvient toujours à l’amadouer ou par la femme de la plage à la fin du film qui parvient pour la première fois à le faire nager en pleine mer.


D’ailleurs deux scènes sont particulièrement intéressante vu sous cet angle. Tout d’abords celle ou Emilie Dequenne tente de convaincre Jean-Pierre Bacri de l’héberger chez lui. Au début de la scène, elle est en hauteur et domine donc son interlocuteur. Voyant que cette domination ne marche pas sous cet angle elle décide de s’asseoir et de l’amadouer en ce mettant à sa hauteur pour parvenir à ses fins. La deuxième scène intervient à la fin quand Jean Pierre Bacri tente de suivre cette femme de la plage et qu’il ne parvient pas à la rattraper ce faisant même une crampe en pleine baignade.


Cette scène montre encore une fois que ce dernier brisé par son ex femme, ne parvient plus à se relever et à se considérer d’égal à égal au niveau des sentiments pour une femme d’ailleurs l’affiche est assez explicite sur ce sujet. Le dernier plan du film est la encore intéressant puisqu’on y voit Jean Pierre Bacri entourer de deux femmes et qui ne sait pas dans quelle direction avancer. Au niveau des prestations d’acteurs, les deux protagonistes principaux s’en sortent très bien.


Jean Pierre Bacri étant excellent en homme aigri et cynique mais au final fragile (bien que le surjeu est quelques fois présent). Emilie Dequenne apporte la naïveté et le l’énergie nécessaire pour contrebalancer le tout. Cependant le film n’est pas parfait loin de la. On peut regretter une BO trop transparente qui n’apporte aucune plus values aux scènes (sauf celle cité plus haut). Le scénario lui reste assez gentillet sans surprendre et l’absence de scène vraiment marquante se fait ressentir par moment.


Cependant le tout est globalement maîtrisé grâce à une mise en scène certes pas exceptionnel en termes de technique pur mais plus par sa symbolique et par la prestation des deux comédiens principaux (hormis l’ex femme de Jean Pierre Bacri qui ne fait que réciter sagement son texte sans émotion).

KS-1695

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