Cette critique fait partie de la liste "Looking for Cassavetes".
https://www.senscritique.com/liste/Looking_for_Cassavetes/1594997


Avant-propos:


C'est:
- le second film de Cassavetes réal que je regarde (mon premier étant The Killing of Chinese Bookmaker),
- aussi le second avec Peter Falk (mais premier dans un rôle dramatique)
- et le premier avec Gena Rowlands.


Pourquoi donc?
Simplement car je souhaitais me réserver ce cinéma -loin de mes envies "d'avant"- après être devenu plus "mature" et être à même de pouvoir pleinement apprécier le travail de Cassavetes.
Car au vu des sujets et des durées des œuvres de J.C, il me fallait avoir une certaine envie "consciente", pour m'immerger totalement dans ce style "languissant" du cinéaste.


Time was come to do it. So I did it!


Fin de l'avant propos.


Et force est de constater que je n'aurai pas pu tenir la distance quelques années auparavant. Question de "patience"...


Maintenant, je dois avouer que je ne suis pas déçu de cette attente volontaire, tant cette Femme sous Influence m'a marqué.


Tout d'abord, mon premier contact avec Gena Rowlands fut concluant: en effet, elle est tout a fait poignante dans son rôle d'épouse aux confins de la folie.
Elle capta mon regard tant et si bien, que lors de la scène du repas avec les collègues de travail de son mari, je n'avais d'yeux que pour elle. Impossible de dévier mon regard de sa présence et des signes sous-jacents de son trouble comportemental.


Après l'avoir connu dans "Columbo", j'ai vu le Princess BridePeter Falk avait un rôle touchant mais sans plus.
Première approche dramatique de Falk à mes yeux, il excelle dans cette composition d'un homme ne sachant plus comment réagir, face aux problèmes de son épouse.
L'acteur s'investit à 100% dans ce rôle (et accessoirement en tant que soutien financier pour le tournage)n et insuffle une vraie humanité dans ce personnage, déchiré entre son amour qu'il voue à Mabel, son refus de croire en une irrémédiable folie de celle-ci et ses propres pulsions violentes en dernier recours.


Cassavetes filme cette mélancolique histoire de manière dépouillée, laissant tout reposer sur l'interprétation de ses acteurs.
Ne serait-ce que la-dite scène du repas "spaghetti", qui commence de manière très réaliste (on a juste l'impression que c'est une scène tirée d'un documentaire, tant ça sent le vécu) avec l'entraide de tout un chacun, l'ambiance bon enfant qui règne entre tous les personnages et le côté "pris sur le vif", bascule lentement mais sûrement vers une sensation de malaise prégnant, nous faisant redouter habilement qu'un dérapage soudain pourrait arriver.
Et c'est finalement ce qui se passe, lors d'une mésentente entre l'attitude de Mabel (impériale Gena Rowlands) envers l'un des invités et l'agacement soudain de son mari Nick (un troublant Peter Falk).
Et là, tout est dit: Mabel souffre de bipolarité et son mari a de brusques pulsions incontrôlables, dès lors que son épouse se laisse emporter par ses troubles mentaux.


Tout le métrage joue sur cette ambivalence des personnages principaux, autour duquel gravite le cercle familial et social, laissant l'embarras de ceux-ci très explicite quand aux soudaines crises du couple vedette.


Du grand cinéma intimiste du sieur Cassavetes, qui après l'effet très positif que The Killing of Chinese Bookmaker avait eu sur moi il y a 15 ans, se confirme avec ce film-ci.
Je vais donc continuer mon immersion dans cet univers très particulier de J.C, en regardant prochainement les autres œuvres de ce cinéaste, à commencer par Opening Night.


"Mieux vaut tard que jamais", dit le proverbe.
Il s'applique -en ce qui me concerne- à la filmographie de ce réalisateur hors norme, disparu bien trop tôt.

Franck_Plissken
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films, Looking for Cassavetes., Les meilleurs films avec une héroïne et Les meilleurs films des années 1970

Créée

le 3 mai 2016

Critique lue 311 fois

10 j'aime

6 commentaires

The Lizard King

Écrit par

Critique lue 311 fois

10
6

D'autres avis sur Une femme sous influence

Une femme sous influence
Rawi
10

The lady in blue...

Pour tout dire et en guise d'introduction, il me faut préciser que ce film m'habite depuis quelques années et qu'il me fait beaucoup réfléchir sur la féminité, le couple et des tas d'autres choses à...

Par

le 26 févr. 2015

70 j'aime

15

Une femme sous influence
obben
9

Desperate housewife

De Cassavetes, je n'avais vu que Shadows et Faces, deux films qui, s'ils étaient notables pour leur vivacité et leur authenticité, m'avaient tout de même perdu en route par leur côté bordélique (en...

le 8 avr. 2013

64 j'aime

10

Une femme sous influence
Pravda
10

"Mabel n'est pas folle, elle est différente !"

Il m’apparaît extrêmement difficile d’écrire une critique constructive ou objective sur ce film, encore plus « à chaud » comme on dit, tant j’ai surtout envie d’en livrer mon ressenti. Un fort...

le 13 févr. 2013

53 j'aime

7

Du même critique

Halloween Kills
Franck_Plissken
8

Reflect: The Shape on Myers

Après le succès du H40 (2018), le duo Green /McBride se mirent à l'écriture du chapitre suivant dans l'optique de filmer Halloween Kills et Halloween Ends à la suite, pour économiser les coûts. Mais...

le 15 oct. 2021

34 j'aime

24

Get Out
Franck_Plissken
8

Puppet Masters

Impressionnant... Œuvre maitrisée avec un excellent Daniel Kaluuya sous l’œil avisé de Jordan Peele, Get Out nous plonge très rapidement dans un malaise diffus et ce, dès lors que le couple...

le 11 mai 2017

33 j'aime

22