Le doute profite à l'accusé

Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme pour lequel il a été acquitté avant que le parquet ne fasse appel. Convaincu de l'innocence de Viguier, elle persuade Maitre Dupond Moretti de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné.

Une intime conviction est un thriller judiciaire d'Antoine Raimbault de 2019.

En préalable, il faut reconnaitre que le cadre d'une cour d'assises n'est pas un environnement facile pour rendre un film intéressant et accessible au plus grand nombre, l'écueil du film dogmatique et austère n'est jamais bien loin. Le réalisateur Antoine Raimbault a toujours été passionné par cette affaire criminelle.

Après avoir vu la bande annonce, mon intime conviction m'avait commandé de ne pas aller voir ce thriller plus judiciaire que thriller...J'aurais du suivre mon instinct.

Une intime conviction raconte le deuxième procès de Jacques Viguier, soupçonné du meurtre de sa femme qui a disparu. Celle ci avait un amant qui est convaincu que son mari l'a assassinée. Le film est inspiré d'une véritable affaire criminelle, seul le personnage de Nora est totalement fictif. Le problème, c'est que le personnage de Nora tient énormément de place à l'écran et que ce personnage névrosé en pleine croisade obsessionnelle ne m'a pas convaincu.
Marina Fois interprète une femme divorcée, mère d'un jeune ado, chef dans un restaurant, qui est obsédée par l'affaire Viguier et convaincue de son innocence. Le film nous montrera que rien d'autre ne compte pour elle: ni son gamin, ni ses vacances au ski, ni son boulot. Si la presse oriente les débats, comme c'est le cas systématiquement lorsque de telles affaires criminelles sont jugées et que tout le monde a sa petite idée sur l'affaire à commencer par l'amant, Nora, elle, est entrée en "sur régime".
Devenant l'adjointe "officieuse" de Dupond Moretti, Nora va "déplacer des montagnes" pour faire triompher "sa théorie".
Les relations du duo ne resteront pas longtemps idylliques: Dupond Moretti travaille alors que Nora est en croisade, ce qui créera quelques frictions dans le tandem.
Bien que juriste de formation (même si je préfère le droit public au droit privé), je me suis beaucoup ennuyé devant une intime conviction. A l'issue du procès, Jacques Viguier, interprété par un Laurent Lucas à "2 de tension" qui dit une phrase durant le film (c'est le rôle qui veut ça...), est acquitté par les jurés, d'après leur intime conviction (méthode de jugement permettant de prendre en compte l'acte à juger et la personne dans leur réalité et dans leur subjectivité), sans que d'ailleurs on ne soit réellement fixé sur sa culpabilité. Auparavant, Olivier Gourmet interprète avec maestria un Dupond Moretti théâtral sorti des cours Florent comme le sont si souvent les avocats "télégéniques"...

Nora
Nora nage en plein bonheur, Jacques Viguier est innocenté, en partie grâce à ses efforts nombreux (Elle a perdu son boulot, la cuisine de son appartement a brulé....toujours "dans la lune", elle se fait même renverser par une voiture...). Le générique nous apprend que Nora est un personnage de fiction (encore qu'il serait très librement inspirée d'Emilie, une amie de Viguier)...encore heureux! Après Irréprochable, Marina Fois n'a eu aucun mal à endosser ce rôle de "femme borderline" dont les certitudes n'ont d'équivalent que la fragilité de son psychisme.

Pour conclure, j'ai trouvé Une intime conviction assez ennuyeux et peu palpitant. Circonstance aggravante, le personnage de Nora n'est absolument pas crédible et assez artificiel...

Si vous voulez voir un bon film sur un procès criminel, mieux vaut revoir Témoin à charge de Billy Wilder.

Ma note: 5/10