On l'a vu, la formule Die Hard tend dangereusement vers la redite avec 58 Minutes pour Vivre. Comment alors mettre en place un nouvel épisode sans tomber dans le syndrome Speed 2. Rappeler John McTiernan à la barre bien sûr. Et ce dernier, en plus de rafraîchir l'image de la série, en profitera pour encore une fois donner une leçon de cinéma au genre du film d'action. On cerne très vite l'ambition du cinéaste à l'ouverture du film. Des plan d'ensembles sur la ville de New York en plein été, les rues débordent de vie, soudain une explosion vient interrompre brutalement ce moment d’insouciance. Le terrain de jeu de ce nouvel opus sera la ville qui ne dort jamais. La menace terroriste s'impose d'emblée comme vaste et brutal dans ce cadre urbain, présenté comme un personnage à part entière. Une Journée en Enfer a pour but d'élargir le champ d'action de la série. Mais au lieu de procéder à la manière de Die Hard 2, le film utilise à bon escient l'espace mis à disposition. C'est le moins que l'on puisse attendre de McTiernan.

Pour réussir cette entreprise, les règles doivent changer. Si le premier Die Hard était parfaitement orchestré dans le domaine du Huit clos, l'ouverture à une ville entière ne peut reprendre les même ficelles. Et c'est bien cela que Renny Harlin n'avait pas compris avec son aéroport. Pour bien saisir cette ampleur il aurait été impossible de représenter chaque recoin des rues de New York avec la même précision que Piège de Cristal. Le cinéaste met donc au centre de son récit un élément majeur qui mettra constamment le film dans un état de tension : Le temps.

Simon Gruber (joué par un Jeremy Irons impeccable) dicte les règles en poussant John McClane dans une éprouvante course contre la montre de tousles instants. En poussant le récit dans cette direction, le film peut mettre en place des courses poursuites haletantes et des sous intrigues qui complètent le tout à merveille. Ces dernières, soutenues par un casting juste, permettent garder le rythme effréné du métrage, et maintiennent cette cadence réglé comme une horloge. Elles mettent également en valeur tout le département de police de New York. McClane n'est plus isolé dans ses mésaventures, ajoutant à l'urgence de la situation. Cette structure s'avère au final largement payante, tant la ville prend forme sous nos yeux. Les habitants de la cité doivent sans mal reconnaître les points clés, les autres ont un aperçu qui ne les laisse jamais sur le bas coté. Avoir pu tourner la majorité des plans sur place, joue également grandement dans l'immersion. New York est fier de John McClane et le lui rend bien, la production a eu carte blanche pour filmer les sites phares de la ville.

La conclusion du film ne s’inscrit cependant pas dans cette continuité finement ciselé. La dernière séquence est par conséquent légèrement en retrait. Un peu confuse, et sortant du cadre New-yorkais, elle n'est là que pour le «Yippie-Kai-Yai» de circonstance. Il est d'ailleurs étonnant de s’arrêter sur la fin alternative visible dans les bonus des DVD/Blu-ray. On y voit McClane retrouver Gruber dans un bar allemand (à priori plusieurs mois après les événements du film), il se livrent à un jeu de roulette russe avec un mini bazooka. Une fin très modeste, qui a du être revisitée pour le besoin de terminer le film sur une touche spectaculaire. Mais on peut finalement le pardonner aisément, à la vue des morceaux de bravoure précédant. Il faut d'ailleurs rendre hommage au travail de l'équipe des cascades mené par Terry Leonard. Le voir sur le tournage (toujours dans les bonus), discuter avec John McTiernan pour mettre en œuvre ces séquences explosives est vraiment enrichissant et passionnant.

Pour revenir au points forts du film, il faut parler du plaisir sadique de retrouver le flic le plus malchanceux de New York, qui traverse la pire journée de sa carrière. Introduit comme le pire des loosers (son mariage étant à nouveau une catastrophe), il en prends plein la gueule, et on en redemande. Lancé dans le jeu du criminel contre son gré et avec une gueule de bois carabinée, on retrouve ce qui fait le sel du personnage. Un mec normal qui se retrouve malgré lui dans des situations désespérées. Il est d'autant mis en valeur dans son périple par l'ajout du sidekick joué par Samuel L. Jackson. Une dynamique de buddy movie qui fonctionne divinement. Il faut d'autant plus profiter du McClane ici présent, car c'est bien la dernière fois que l'on y verra un personnage vulnérable mais guidé par une détermination en acier.

Die Hard With a Vengeance était la conclusion idéal de la trilogie inauguré en 1988. Chamboulant les acquis de la série, élargissant le cadre de l'action, minuté par un rythme diabolique, tout porte le film vers l’excellence (à part le léger grief final). Un film précieux, puisqu'il représente aujourd'hui le dernier bon film de la saga.

Retrouvez l'intégralité de ma rétrospective Die Hard à cette adresse :
http://www.gameblog.fr/blogs/zhibou/p_92565_die-hard-rest-in-peace
Zhibou
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le 21 juil. 2013

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Zhibou

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