Dernière tournée avant l'aube

Il ne manque pas grand-chose à Une nuit pour sortir du peloton des polars modernes à la française peu fournis en valeurs sures. Des acteurs secondaires plus inspirés d’une part, pour accompagner la belle prestation d’un Roshdy Zem au charisme rageur. Et un fil rouge un peu moins étiré d’autre part. En effet, si l’on comprend l’envie qu’a Philippe Lefebvre de jouer avec les atmosphères vaporeuses d’un Paris underground, bien vite la petite balade de son inspecteur au cœur du vice de la capitale peine à se renouveler. Lorsqu’il visite pour la troisième fois la boite de nuit de son copain Samuel, l’intérêt retombe, pire, lorsque le twist final tente de faire basculer l’histoire, on sent venir la tentative d’entourloupe.


C’est bien dommage, Une nuit n’avait pas besoin de cette arnaque finale de mauvais goût, que l’on ne voit pas forcément venir, mais qui ne se justifie pas vu la tournure que prend le script dans ses derniers retranchements. Des atouts, Philippe Lefebvre en avait sortis suffisamment de sa manche pour ne pas tenter ce coup de poker final : de belles ambiances nocturnes, une photographie léchée et surtout une justesse remarquable dans le traitement de l’inspecteur borderline auquel Roschdy Zem prête ses traits.
Là où habituellement, on nous sort un énième dirty Harry qui fout des marrons avant de poser les questions, Philippe Lefebvre choisit de mettre en scène un homme de tempérament qui manie la maxime avec aisance, plaçant habilement ses pions comme le ferait un bon joueur d’échec pour garder un coup d’avance sur ses némésis.
Mais voilà, si l’inspecteur est le fruit d’une plume habile, les personnages qui sont censés le mettre en valeur peinent eux à suivre la distance. De la coéquipière fadasse au copain truand qui souffre d’une interprétation peu inspirée (merci Samuel), ils n’apportent pas grand-chose à l’intrigue.


Néanmoins, si on lui passe ses personnages accessoires, Une nuit est une jolie surprise. Porté par une caméra précise qui croque un Paris nocturne du plus bel effet, le film de Philippe Lefebvre a quelque chose de singulier qui le rend sympathique, mais il lui manque un poil de consistance pour s’inscrire plus durablement dans le genre qui le caractérise.

oso
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le 12 avr. 2015

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