Il y a de bonnes intentions (Raconter la vie en France d’un père et ses deux enfants ayant fui la république centrafricaine en pleine guerre civile) dans ce nouveau film du réalisateur tchadien, le premier qu’il tourne en France, mais tout sonne faux car on ne voit que la fabrication, les coutures, les intentions, jamais l’incarnation. Même quand le personnage est énervé (car il n’a pas obtenu son droit d’asile, donc reste sans papiers) et qu’il tape dans une poubelle et balance des pastèques par terre (Il bosse sur les marchés) ça sonne faux. C’est un détail mais c’est à l’image du film entier : Haroun n’est décidemment pas le cinéaste de la subtilité – Souvenir d’un calvaire devant Un homme qui crie. On a donc droit à une perte d’emploi, une immolation à la cour nationale du droit d’asile, une expulsion d’appartement, une traque policière, une scène au carré des indigents, des hommes qui n’arrivent plus à bander. C’est un programme certes réaliste, mais un peu lourd sur 1h30. Et tout est lourd, jusqu’à cette musique illustrative, jusqu’à la voix off du fils d’Abbas. Et ça me gêne de le dire, car une fois encore les intentions sont louables, mais les enfants sont mauvais, c’est terrible. Néanmoins, quand on finit par s’y faire et accepter qu’il est une chronique un peu terne (avec sa photographie sans relief, son récit programmatique et didactique, mais sujet de société : ce sentiment de rejet éprouvé par les migrants) on s’y attache, sans doute car le film parfois, prend le temps d’étirer ses plans, tente de débusquer une émotion, une fragilité, plutôt que de nous asséner un discours, c’est toujours ça de pris. Autrement la fin est assez réussie et l’on sent qu’Haroun a voulu y aller de son clin d’œil à Sans toit ni loi, de Varda, en suivant Sandrine Bonnaire déambulant sur cet immense terrain vague que sont les dunes de la « jungle de Calais » jusqu’au regard caméra qui nous prend à témoin. Classique mais efficace.

JanosValuska
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le 5 mars 2019

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