Très beau drame familial, « Une séparation » a apparemment bouleversé avant tout par son constat sur la société iranienne. Pourquoi pas tant la vie dans le pays de Mahmoud Ahmadinejad ne paraît effectivement pas très gai, mais j'ai au contraire trouvé que la grande intelligence d'Ashgar Farhadi était justement de ne pas se faire écraser par un constat social qui eût considérablement alourdi l'entreprise. Au contraire, le réalisateur se focalise surtout sur ses personnages, leurs relations et les événements qui les ont amenés à cette situation... D'autant que le regard est très juste et sans caricature, car si nous sommes obligés de prendre un minimum parti, nous ne sommes pas dans une oeuvre ou tout est « blanc ou noir », chacun ayant sa part de responsabilité quant à la douleur que ressent le couple. Le réalisateur ne cède pour autant jamais à l'hystérie et ne se regarde jamais filmer (comme c'était le cas dans son précédent long-métrage, l'honorable mais ennuyeux « A propos d'Elly »), l'ensemble gardant au contraire une cohérence constante. Le plus grand succès de l'Histoire du cinéma iranien en France est ainsi mérité, un film qui a des choses à dire et qui les dit avec autant de sobriété que de talent : une vraie réussite.