Mathias Malzieu est un artiste un vrai, de ceux qui sont capables de donner vie à leurs rêves, d’essayer de partager avec le public leur univers fantasmagorique.
C’est justement en plein débordement d’imagination qu’il a laissé s’échapper de son flot d’idées une sirène.
Elle est venue s’échouer sur les bords de Seine, recueillie par un Nicolas Duvauchelle en artiste désabusé au coeur de pierre.
Le scénario de Une sirène à Paris n’est pas fulgurant d'originalité mais l’intérêt est avec la vérité: ailleurs. L’univers de Mathias Malzieu est un magasin de jouets rempli de recoins et de meubles à double fonds: ça fourmille de petites idées, de décor surchargé, de voisine trop curieuse, d’appareil de musique digne de Boris Vian, de musique, de jolis sentiments.
Bref ce dernier film d’avant confinement avait “un bon goût de reviens-y vite”, un vrai conte de fées, fascinant et émouvant, mixant instants romantiques et élégiaques.
L’histoire “banale mais pas trop” de l’amour impossible s’accompagne de passages sur la nostalgie, sur le passé qu’on vénère mais qui parfois nous cloue au sol et nous empêche d’avancer, et sur la nécessité de s’en défaire parfois pour prendre du recul, s’en nourrir et rebondir.
On reconnait bien là l’éternel enfant qu’est Mathias Malzieu, celui qui plus jeune était un jedi, et on se reconnaît aussi un peu dans ces errements.
Un bien joli voyage auquel il était plaisant de prendre part avant de faire une pause - forcée - de cinéma en salle.