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4.8
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Film de Dennis Hopper (1990)

Avec un peu de bouteille, on se dit qu’un film qui réunit Dennis Hopper, Jodie Foster, Dean Stockwell, Vincent Price, John Tuturro, Fred Ward, Julie Adams (oui, miss créature du lac noir), Charlie Sheen, Bob Dylan et Joe Pesci et qui n’est connu de personne doit sûrement comporter un sérieux vice de fabrication.
Surtout quand la jaquette met en exergue un extrait de critique qui évoque "un croisement entre Lynch, Wenders, Antonioni et Scorsese". Bigrement intriguant.


Si à cela on ajoute que Joe Pesci a refusé de paraître au générique, que Jodie Foster a déclaré avoir connu une des pires expériences de sa carrière et que la production a décidé de remonter le film pour en couper une demi-heure, ce qui a fait que Hopper a refusé de reconnaitre le film, qui n’est finalement sorti qu’en VHS aux états-unis, on se dit qu’on est soit en face d’une grande œuvre maudite, soit devant un étron intergalactique.


Il suffit de se baser sur deux ou trois détails pour être rapidement fixé.


Blonde on blonde


Quand deux tueurs impitoyables ne voient pas leur cible, distante de trois mètres sur leur droite, sans qu’aucun obstacle n’obstrue leur vue. Quand une blonde aux cheveux bouclés échappe au méchant vers qui elle venait de se ruer en se camouflant avec… une perruque blonde bouclée.
Quand un des plus grands acteurs des années 50 ne fait que de la pale figuration. Quand les hélicoptères, qu'on trouve par miracle au bout d'une impasse, se crachent dans une falaise sans aucune raison. Quand le méchant joue du saxophone aux moments les plus improbables, de la manière la plus saugrenue. Quand l’héroïne passe de la détestation la plus rageuse à l’amour le plus débridé sans aucune scène de transition.
Quand les mêmes œuvres d’art sont disséminés tout le long du film sans aucune cohérence. Quand les méchants retrouvent les gentils fugitifs sans explication, se posent avec un avion sur la route pour se faire dessouder aussi sec. Quand le final double du grotesque avec une couche d’absurde.


Dennis de grotesque


Alors, on sait.
Devant l’étendue du désastre magnifique, je me suis même plié à un visionnage de la version longue (une demi-heure en plus, quand même, mais en accéléré, faut pas pousser) pour voir si le charcutage n’était pas à l’origine d’une telle retraite en rase campagne.
En fait, la version longue est pire. Ce sont juste les moments gênants qui sont plus longs.
Surtout, ne ratez ça sous aucun prétexte. Ça vient d’être réédité en DVD. Un tel niveau de catastrophe, une telle magnificence dans le foirage, c’est assez rare.

Créée

le 9 mars 2014

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guyness

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