7 mois que j'entends et lis que c'est enfin le retour de Malick, après des parodies de Tree of life ou des essais très ratés de faire autre chose. Est-ce que c'est le cas ? Oui et non.


S'il est impossible de nier la beauté formelle des plans, dont beaucoup sont touchés par la grâce, Malick reste dans ce qu'on attend de lui et continue de réaliser ses films comme il le fait depuis sa Palme d'or. Pire encore, on lui connaissait de nombreux gimmicks depuis, comme sa caméra tournoyante dans Knight of cups. Ici, elle est remplacée par une majorité de contre-plongées et par une focale courte.


La contre-plongée finit par provoquer l'hilarité parfois : le film semble avoir été filmé par un nain. Elle n'a pas toujours de sens, elle n'est pas toujours belle.


La focale courte, elle, fait ce qu'on attend d'elle : tout est déformé. Ce n'est pas toujours agréable à l'oeil. Si ça marche bien lorsqu'il n'y a que deux sujets à l'écran au milieu d'un grand paysage souvent magnifique, dans de petites pièces étroites avec beaucoup de personnes, ça fait un peu bizarre.


Aussi, on reste dans du Malick pur et dur dans l'écriture et le montage. On a encore cette petite impression de parodie de Tree of Life, voire de parodie de film de Festival. Notamment en étirant inutilement son film sur 3h et le rendant interminable et assez lassant dans son milieu, notamment aussi à cause des gimmicks évoqués au-dessus.


Et c'est dommage, vraiment, parce que ce n'est pas un mauvais film. Loin de là. Et si par retour de Malick on doit entendre que c'est son meilleur film depuis Tree of Life, c'est vrai, sans hésiter. Parce qu'il n'y a pas que la photo qui est touchée par la grâce dans ce film, il y a aussi August Diehl qui est ma-gni-fique. Il a tout de l'acteur Malickien, et il porte ces 3h sur ses épaules. On ressent ses doutes, son combat, son émotion. On ressent tout ça.


Mais voilà, encore une fois, 3h. De très nombreux films sur le même thème durent deux fois moins longtemps pour un résultat deux fois plus fort. On pense notamment à Hunger. On peut également citer Silence qui s'en rapproche davantage. Il arrive un moment dans Une vie cachée où on a envie de dire au film "ok, on a compris, tu es beau, mais je commence à me dire que j'aurais préféré que tu sois un album photo à ce rythme-là".


Au final, je suis un peu déçu de ce que j'ai vu, tout en continuant d'avoir des étoiles dans les yeux grâce à l'un des plus beaux films de 2019. J'aurais adoré ce film photographié par Lubezki avec qui il a déjà travaillé, je pense que ça aurait pu donner un résultat immense et qu'on n'aurait pas eu ces gimmicks un peu idiots au final.

WallydBecharef
6
Écrit par

Créée

le 20 janv. 2020

Critique lue 129 fois

Wallyd Becharef

Écrit par

Critique lue 129 fois

D'autres avis sur Une vie cachée

Une vie cachée
SBoisse
10

« Quand on a abandonné l’espoir d’échapper à la mort, la vie s’illumine »

Terrence Malick n’a rien perdu de ses manies : les gros plans et le grand angle, les travellings avant, les contre-champs, les lumières naturelles, la contemplation de la création, le souci du détail...

le 3 janv. 2020

69 j'aime

20

Une vie cachée
Velvetman
10

Marriage Story

Le Festival de Cannes 2019 vient de vivre son premier choc avec Une vie cachée de Terrence Malick, présenté en compétition officielle. Le cinéaste américain est à son meilleur et arrive à trouver le...

le 11 déc. 2019

64 j'aime

1

Une vie cachée
lhomme-grenouille
3

Par delà le bien et le Malick (…sauf qu’en fait – ô surprise – non)

J’ai aimé Malick. Vraiment… Il y a de cela une décennie encore, j’aimais défendre son œuvre. J’acceptais sa rythmique aux fraises et ses voix off niaises et moralisatrices parce que derrière tout...

le 15 déc. 2019

46 j'aime

30

Du même critique

Godzilla vs Kong
WallydBecharef
4

Mais, vous allez finir par les laisser se battre, bordel de merde ?

Depuis 2015, nous sommes comme Ken Watanabe dans le premier Godzilla, on veut voir deux des plus grands monstres de l'histoire du cinéma se foutre sur la gueule. Après Godzilla en 2014, on a eu...

le 1 avr. 2021

30 j'aime

7

Killer Joe
WallydBecharef
8

McConaughey au sommet

Fini le cinéma hollywoodien édulcoré, avec une morale et tutti cuanti. Fini le cinéma indépendant qui choque pour choquer, sans réel sens derrière, ni même beauté. Friedkin est de retour, 6 ans après...

le 5 sept. 2012

22 j'aime

3

Zack Snyder's Justice League
WallydBecharef
4

"Dostoevsky", Snyder Cut

Evacuons d'entrée les quelques bons points. Il faut avouer que c'est assez prodigieux d'arriver à une telle cohérence sur un film de 4h qui a autant été massacré et dont le tournage s'est étalé sur...

le 18 mars 2021

12 j'aime

18