Une vie spirituelle cachée dans un film d’une grande beauté

Un premier film de Terrence Malick pour moi, et un coup de poing.


Incroyable de lire, autour du film, que ce Franz était un personnage oublié jusque dans les années 70, et qu'un article sur lui, puis une interview de sa veuve, ont remis à l'endroit sa mémoire, et sorti Franziska de l'isolement dans lequel elle était depuis l'exécution de son mari par les nazis.


C'est un film d'une grande beauté, qu'on apprécie encore plus quand on découvre ensuite que ces scènes ont été tournées sur le lieu même de la vie de Franz et Fanny (Franziska), leur village, leur maison, leurs objets.


Malick tourne le temps long, et prend le temps de le faire. Les scènes sont lentes pour montrer la vie hors du temps, mais à l'opposé elles sont rapides pour évoquer le temps fou qui s’accélère, la société traditionnelle bouleversée par l'arrivée de ce nazisme venu d'ailleurs, la machinerie administrative qui va broyer celui qui ne veut pas faire allégeance au mal.
Les deux notions du temps, mises en parallèle, donnent un film où l'on ne voit pas passer les presque 3 heures.


Beauté des paysages, de la vie rurale, des objets, du dur travail de la terre.
Les scènes tournées en grand angle (apparemment une habitude de Malick), nous placent très proches du personnage, en intimité avec lui/elle, tout en le voyant dans son contexte.


Au-delà de l'histoire personnelle de Franz, c'est aussi un film sur l'amour : ce couple fusionnel vivant le plus simplement qu'on puisse imaginer mais heureux.


Emu par l'histoire de Franz, et plus encore par sa relation avec Fanny, j'ai voulu en savoir plus sur elle. La vie de Franziska se continuera pendant 70 ans après la mort de Franz. Elle ne meurt qu'en 2013.
Et elle va continuer à endurer l’ostracisme des gens du village et le refus des aides de l’état autrichien, en punition du comportement de son mari. Ceci ne changera qu’en 1977 avec l’arrivée d’un nouveau prêtre qui va progressivement faire changer l’attitude du village à son égard, en leur demandant de s’aimer les uns les autres.
Voir ce doc sur la vie de Fanny :
https://paxchristi.org.uk/wp/wp-content/uploads/2013/10/Pack-Franziska-Jägerstätter.doc

ChrisLausanne
9
Écrit par

Créée

le 14 févr. 2021

Critique lue 104 fois

1 j'aime

ChrisLausanne

Écrit par

Critique lue 104 fois

1

D'autres avis sur Une vie cachée

Une vie cachée
SBoisse
10

« Quand on a abandonné l’espoir d’échapper à la mort, la vie s’illumine »

Terrence Malick n’a rien perdu de ses manies : les gros plans et le grand angle, les travellings avant, les contre-champs, les lumières naturelles, la contemplation de la création, le souci du détail...

le 3 janv. 2020

69 j'aime

20

Une vie cachée
Velvetman
10

Marriage Story

Le Festival de Cannes 2019 vient de vivre son premier choc avec Une vie cachée de Terrence Malick, présenté en compétition officielle. Le cinéaste américain est à son meilleur et arrive à trouver le...

le 11 déc. 2019

64 j'aime

1

Une vie cachée
lhomme-grenouille
3

Par delà le bien et le Malick (…sauf qu’en fait – ô surprise – non)

J’ai aimé Malick. Vraiment… Il y a de cela une décennie encore, j’aimais défendre son œuvre. J’acceptais sa rythmique aux fraises et ses voix off niaises et moralisatrices parce que derrière tout...

le 15 déc. 2019

46 j'aime

30

Du même critique

Le Lambeau
ChrisLausanne
4

C’est décidé, j’arrête le lambeau dans les limbes

J’ai mis 220 pages à prendre la décision d’arrêter, car je me forçais à continuer, au cas où, et par respect pour le drame à l’origine du livre.Encouragé par l’enthousiasme général et la critique...

le 1 mars 2020

4 j'aime

3

Nos plus belles années
ChrisLausanne
7

Nos plus belle années... et la difficulté à les vivre ensemble

Ce film de 1973 a un peu vieilli. On n'imagine plus un film comme celui-ci sortir aujourd'hui. Mais l'histoire est belle et les acteurs sont bons. Deux étudiants n'ayant apparemment rien en commun...

le 20 sept. 2020

3 j'aime

The Eddy
ChrisLausanne
8

Edddie-donc, édible et dicible

Oui, édible car très comestible: c’est une bonne série, à déguster sans modération ! Et c'est dicible, n’en déplaise à des esthètes difficiles qui font la fine bouche sur un détail sans vouloir...

le 24 mai 2020

2 j'aime