La Corse et ses mouvement indépendantistes à la fin des années 90 sont ici contés au travers du parcours de Stéphane, jeune homme de bonne famille qui, autant par esprit bravache que par une mauvaise intuition, va se retrouver à livrer sur le continent un sac d'armes ayant servi à des attentats terroristes. Evidemment, il se fait prendre et atterrit en prison où de mauvaises rencontres vont le faire plonger à sa sortie dans un militantisme armé au moment où les organisations se séparent et sont gangrenées par la mafia et le trafic de drogues. La lutte contre l'ingérence française et ses puissances de l'argent qui veulent asservir et transformer la terre de leurs ancêtres en luna park pour touristes vire bien vite aux règlements de comptes internes et à une série d'assassinats.
Raconté comme cela, on pourrait penser que Thierry de Peretti déroule un polar noir à l'américaine, inspiré par le Coppola du Parrain ou le Scorcese des Affranchis. Détrompez-vous, même si quelques détails peuvent nous y faire penser, nous ne sommes pas dans une production américaine mais bien dans un film français d'art et d'essai qui justement fait dans l'art. Dans cette catégorie, on va prendre des poses auteuristes, donc éclater le scénario en pastilles expressionnistes, préférer les plans fixes qui s'arrêtent brusquement, accumuler des scènes proches du documentaire et bien souvent aux dialogues inaudibles, mettre un personnage principal falot ( et phallo aussi !) peu attachant et parsemer le tout de citations historico/politiques piochées dans les déclarations de tout ce qui faisait pétarader les flingues dans l'île de beauté.
Le spectateur se trouve donc devant un film mal aimable, fronçant les sourcils en cherchant qui est qui, qui fait quoi, et pourquoi ? On voit bien toutefois que tous ces mouvements partent en vrille et que l'idée indépendantiste de départ se trouve reléguer aux oubliettes. Comme nous sommes obligés de prendre ce que nous donne le film et ayant fait le deuil d'une quelconque trame romanesque, les spectateurs observent s'agiter une bande de gars bas du plafond. Et du coup, ils se demandent comment avec de tels minables, aussi prétentieux que cons, pataugeant dans une tradition de vendetta aussi violente que débile ( tu as mal regardé ma soeur, paf ! t'es mort, tu ne m'as pas payé, paf ! tu crèves, ...), le mouvement indépendantiste puisse être aussi fort. Bien sûr, on aperçoit quelques têtes pensantes ( que l'on zigouille aussi), entourées de leurs gorilles et engraissées au racket, mais comme la caméra, très en distance, s'attarde surtout sur ces pauvres crétins, l'intérêt va décroissant.
plus sur
http://sansconnivence.blogspot.fr/2017/08/une-vie-violente-de-thierry-de-peretti.html

pilyen
5
Écrit par

Créée

le 18 août 2017

Critique lue 368 fois

3 j'aime

pilyen

Écrit par

Critique lue 368 fois

3

D'autres avis sur Une vie violente

Une vie violente
AnneSchneider
7

Corps en sursis

L’acteur et réalisateur Thierry de Peretti, natif d’Ajaccio, signe ici son deuxième long-métrage, construit sur un ample flash-back qui se referme en rejoignant puis en dépassant son point de départ...

le 21 juil. 2018

17 j'aime

Une vie violente
Sergent_Pepper
7

Bombe le corse

Pénétrer l’inextricable contexte du militantisme insulaire : tel est l’objectif ambitieux de Thierry de Peretti dans cette vaste fresque sur la Corse du début du XXIème siècle. Alors que les...

le 20 août 2017

17 j'aime

5

Une vie violente
Charlie_Appietto
10

Chef d'oeuvre.

La dérive d'une jeunesse, le cheminement de la violence, la Corse des années 90, tout est là pour donner du cliché. Une des scène du film dévoilée avant la sortie avait de quoi faire peur quand à la...

le 6 août 2017

13 j'aime

3

Du même critique

Habibi
pilyen
4

Bibi n'a pas aimé

Il y a des jours où j'ai honte, honte d'être incapable d'apprécier ce qui est considéré comme un chef d'oeuvre par le commun des mortels. A commencer par mon libraire spécialisé BD qui m'a remis...

le 31 déc. 2011

34 j'aime

7

Grand Central
pilyen
3

Grand navet

J'ai vu le chef d'oeuvre de la semaine selon les critiques. Hé bien, ils se sont trompés, c'est un navet et un beau ! Cette fois-ci, ils ont poussé le bouchon tellement loin qu'ils risquent d'être...

le 28 août 2013

25 j'aime

18

Les Fantômes d'Ismaël
pilyen
3

Parlez-vous le Desplechin ?

Je le dis d'emblée, je n'ai jamais été fan du cinéma de Mr Desplechin. "Les fantômes d'Ismaël" confirment que je ne parle pas et ne parlerai jamais le "Desplechin" comme se plaît à dire le...

le 18 mai 2017

24 j'aime

1