Il était une fois en Corse

Deuxième film très, très prometteur. J'ai mis du temps à rentrer dedans, le récit étant volontairement non linéaire et assez peu explicatif mais à la fin du film, j'avais déjà envie de le revoir.

Thierry de Peretti nous propose de suivre le parcours de jeunes militants indépendantistes dans la Corse de la fin des années 90. De l'embrigadement jusqu'à la clandestinité en passant par la délinquance, la radicalisation en prison mais aussi la construction d'un idéal politique. Le film est extrêmement documenté et superbement dialogué, il m'a rappelé le documentaire Une Jeunesse allemande de Jean-Gabriel Périot qui s'intéressait à la bande à Baader en Allemagne dans les années 70. On y retrouve ce même sens du détail historique, ce questionnement autour de la violence et les dilemmes moraux que ça suppose. La mise en scène de De Peretti est particulièrement immersive et son acteur principal Jean Michelangeli est assez extraordinaire, il est de toutes les scènes (ou presque) mais ne s'exprime pas toujours. Pour le spectateur, c'est un repère permanent dans le cadre. La complexité de son parcours, de ses choix fait toute la beauté du film.

On pense aussi évidemment beaucoup à des films de clans comme la trilogie du Parrain de Coppola, il y a ce même sens de l'honneur, de "la règle" - extraordinaire scène de discussion entre femmes à la fois drôle et déchirante, elle donne au film une dimension tragique encore accrue interrogeant le spectateur sur ses propres convictions tel le choeur dans le théâtre antique.

Au final, "Une Vie Violente" est certainement le meilleur film de genre français sorti ces dernières années avec le Mange tes morts de Jean-Charles Hue.